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La pute et le curé

Publié le 13 octobre 2014 par Polinacide @polinacide

Après une première fois des plus jouissives, on a remis ça avec Marine. Dans le deuxième volet de nos tribulations historiques, voici la soirée « pute et curé » comme on n’en fait plus de nos jours, avec le détail des participants déniché sur Gallica. À l’ancienne.

La barbe ne fait pas le curé, pas plus que la toge ni le vœu de chasteté. Si l’on dit souvent que l’enfer est pavé de bonnes intentions, le religieux de l’ancien régime n’a rien d’un ange. À défaut d’avoir des ailes, il sait se poser les questions qui fâchent, en commençant par celle du célibat sacerdotal. Feu de Dieu ! À quoi bon se forcer à porter cette croix quand l’Éternel en personne a ordonné de s’aimer les uns les autres ? C’est à n’y rien comprendre. Plutôt que d’oser contredire la volonté divine en démêlant le vrai du faux, autant aller croquer la pomme tant qu’elle est encore juteuse.

pute et curé illustration
Erreur de débutant, tel est pris qui croyait prendre : en flagrant délit, la main dans le pot de confiture. Ou du moins là où elle n’était jamais sensée se trouver : sous les jupons de la fille de joie. Non contente de ravir ces Messieurs de ses doigts de fée, la vilaine dénonce à la police tous les prêtres qui succombent à ses charmes, histoire d’arrondir ses fins de mois. Résultat : des dizaines de pieux se retrouvent fichés sur la liste de la honte, avec le détail des circonstances dans lesquelles ils furent chopés. Imaginez le scandale.

prostituee-cure-gallica

Rien de très catholique, somme toute. Sans parler de ce pauvre ecclésiastique de la Paroisse St-Paul, qui « s’est fait appliquer du rouge et des mouches sur le visage, pour connaître quelle serait sa figure en habit de femme ». Espérons que son reflet lui plut autant qu’aux policiers qui le surprirent, car pourquoi faire dans la dentelle quand il suffit de l’enfiler ? À en croire les auteurs de la fameuse liste, « si au lieu d’être forcés à acheter les plaisirs d’une fille publique », les religieux « pouvoient, comme les autres, sans blesser les regards d’autrui, et avec la protection des lois, goûter les charmes de l’himen, entre les bras d’une épouse chérie, dont l’amour et les vertus leurs auroit indiqué le choix. La société et les prêtres eux-mêmes y gagneroient, et la religion n’en serait pas moins respectable. » La confession, en tout cas, serait bien plus facile, un vice commode étant toujours plus supportable qu’une fatigante vertu. « Pardonnez-moi mon père parce que j’ai pêché »:  que l’on soit croyant, athé, hypocrite ou profane, les petits écarts font notre pain quotidien.

*Article réalisé à partir de d’un document trouvé sur Gallica : la liste de tous les prêtres trouvés en flagrant délit chez les filles publiques de Paris sous l’ancien régime ; avec le nom et la demeure des femmes chez lesquelles ils ont été trouvés, et le détail des différents amusemens qu’ils ont pris avec elles. Tirée des papiers trouvés à la Bastille.


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