"Comme si, dans cette maison, l'idée de l'amour était insupportable"
De l'amour, encore de l'amour, ou de l'absence d'amour. Encore et toujours. Sujet banal, s'il en est, mille et une fois traité, exploité, jusqu'à la lie, jusqu'à l'obsession, jusqu'à la folie, jusqu'à l'abandon, femme raillée par son mari, frappée d'humiliation.
C'est un air de déjà vu qui s'éloigne progressivement des sentiers battus et nous emmène au plus près de ces solitudes mises à nue, nous montre petit à petit les cœurs scarifiés, le bonheur taxidermisé, impossible à réanimer.
Des histoires où certains veulent voir plus que ce qu'il y a à voir dans le mot "cordialement".. Où certains n'aiment pas assez, se détestent trop, ruminent, tournent en rond et creusent leurs propres tranchées. Où quelques billets jetés sur le lit remplacent une caresse maternelle. Où l'on s'éprend d'un kiné juste parce qu'il vous demande s'il vous fait mal, parce qu'il masse cette épaule percluse de railleries conjugales.
Des histoires où l'on finit par se sentir sale d'être trop aimée, où l'on voudrait brûler son corps devenu la cible de menaces passionnées, boire du détergent pour nettoyer "une vie comme un tas de merde", pour s'effacer, née au mauvais endroit, au mauvais moment, née, tout simplement ?
C'est une écriture qu'on lit comme on retire une couverture, qui se raccroche aux blessures encore ouvertes, frotte les cicatrices boursouflées et, finalement, laisse apparaître d'atroces solitudes au pronostic vital plus qu'engagé.
Note : comme un mirage pris en flagrant délit