Du 27 au 30 mai, l'hôpital s'expose Porte de Versailles dans le cadre du 22ème salon Hopital Expo / Intermédica / HIT. Ce sera l'occasion pour les professionnels de la santé de faire un point sur l'évolution de secteur dont les mutations sont incessantes. Ainsi de nombreuses sessions de formation s'adressant à l'ensemble des acteurs hospitaliers sont proposées à cette occasion sur des thèmes ayant trait à la gestion, au management et à l'actualité du secteur santé. Parmi les thématiques, on citera ici à titre d'exemple, celle non des moindres, du financement du système de santé abordée lors de la conférence introductive.
A l'heure où les citoyens français découvrent l'impact des franchises, la multiplication des médicaments que l'on nomme pudiquement déremboursés, et s'aperçoivent que leur hôpital dont il loue pourtant la proximité est peut-être menacé de fermeture - non on ne parle pas de fermeture mais de restructuration ou de changement d'orientation d'activité [enfin pour la personne qui s'aperçoit que son service d'urgence est fermé de telle heure à telle heure et qu'il lui faut 30 à 40 kilomètres de plus, c'est bien la fin d'un service public quelque la terminologie employée même si il est vrai qu'elle sous-entend d'autres services, pour d'autres besoins], à l'heure où chacun commence à prendre conscience dans sa ville, par des échos dans la presse locale que tel hôpital est en déficit, que dans tel autre le conseil d'administration a de lui-même rejetée le budget qui lui est proposé par les autorités, à l'heure où chacun s'interroge sur la manière dont le gouvernement va appliquer les recommandations du rapport Larcher, cette grande manifestation que constitue Hopital Expo, c'est l'occasion de reconsidérer ce que les français pensent de leur hôpital.
La Fédération Hospitalière de France, avec le soutien de tns-sofres, a réalisé pour la troisième fois les 23 et 24 avril dernier un sondage « Les français et l'hôpital ». Si globalement, une grande majorité de français (79%) se déclare avoir une opinion positive de l'hôpital public [dans le même temps, les cliniques privées totalisent 69% de bonne opinion], il n'en demeure pas moins que dans le détail, les résultats de sondage [nous sommes d'accord, il s'agit que d'un sondage] devraient interpeller les pouvoirs publics sur les décisions en cours, mais aussi les professionnels de santé sur la manière dont ils gèrent leur établissement.
Les attentes des français : une égalité de l'accès aux soins, à proximité de leur lieu d'habitation et dans des délais d'attente réduits.
Ainsi, les français estiment-ils que l'égalité d'accès aux soins est l'élément de définition le plus important du système hospitalier français. Ce résultat devrait interpeller les responsables politiques qui regardent béats se mettre en place un système dont il est à craindre qu'il ne puisse plus guère longtemps masquer qu'il existe des inégalités d'accès aux soins qui vont bien au-delà des traditionnels déséquilibres géographiques Nord / Sud ou Urbain / Rural, puisqu'elles mettent en jeu des éléments de revenu, à savoir que plus on est riche, plus on a de chance d'être mieux soigner, parce que mieux assuré, parce que mieux informé, parce que l'on peut payer tout simplement. Il est donc intéressant de constater que l'élan de solidarité nationale, dont on dit trop souvent qu'il est obsolète pour mieux nous faire accepter sa restriction, est un des ressorts de cette réponse. La grande différence entre l'hôpital public et les cliniques privées est relative au fait que le premier assume, dans la quasi totalité des situations, des missions (de service public) contrairement aux secondes comme les urgences, l'enseignement, la formation des infirmières, la prise en charge des démunies, sans même évoquer le fait que les cliniques privées à but lucratif (eh oui çà existe) ne se positionnent que sur des créneaux d'activité « rentables. » L'objectivité d'égalité aux soins résonne donc étrangement aux oreilles d'un professionnel de santé dont il sait qu'il s'agit peut-être d'une utopie ...
La proximité arrive en seconde position dans les attentes. Ce second aspect n'est pas lui aussi anodin au regard des différentes annonces de restructuration du maillage hospitalier. Que dans un contexte national de gestion des finances publiques tendue, il puisse être nécessaire de faire converger des outils de soins trop éparpillés, trop fragiles pour assurer leur attractivité en ressources humaines et en compétence médicales, est une chose comprise et accompagnée par les gestionnaire que je suis (et je sais que cette position est loin de plaire notamment aux représentants de personnels qui craignent pour les conditions de travail). Mais que les autorités fassent fi d'un revers de la main des contraintes du terrain et vous rétorquent « tout est dans le budget » quand vous leur démontrez que toutes les mesures induites par la réglementation (revalorisation salariale négociée au niveau national, paiement des heures supplémentaires, valorisation des comptes épargnes temps, etc.) font exploser le budget (c'est ainsi que les budgets hospitaliers sont annoncés en déficit), « la balle est dans le camp de vos établissements, on veut votre projet dans deux mois» quand vous leur parlez de projet de complémentarité, voire de fusion dont vous savez pertinemment que sur le terrain ces projets soulèvent d'énormes résistances tant culturelles (eh oui, on ne rapproche pas facilement un hôpital public et une clinique privée quoiqu'en dise nos autorités dont on se demande où elles ont appris à « manager ») que politiques (ah les querelles de clocher, elles sont vivaces, et c'est normal, l'hôpital est bien souvent l'un des principaux employeurs, les enjeux dépassent donc largement le monde de la santé mais touchent à l'emploi, à l'aménagement du territoire, etc.), voire tout simplement techniques ou juridiques quand on sait que pour négocier et rédiger un cadre juridique de complémentarité type groupement de coopération sanitaire, il faut un bon six mois avec des partenaires qui ont levé toutes réticences de discussion entre eux. Donc que les autorités fassent fi de tout cela, on tombe dans la provocation. A moins qu'à leur niveau aussi, la pression venant de plus haut encore est telle qu'il ne font plus que la redescendre parce que c'est après ce que l'on leur demande de faire et rien d'autre. Ceci parvient parfois à passer à côté d'enjeux locaux forts, où des établissements, qui auraient besoin d'un accompagnement pour se rapprocher, se retrouve projetés dos à dos dans leur logique d'établissement en oblitérant totalement les enjeux pour la population.
Le troisième item mis en avant dans les attentes des français concerne les délais d'attente de prise en charge. Il s'agit de la prolongation du second d'ailleurs. Il s'agit d'un véritable enjeu d'organisation interne concernant plus particulièrement l'hôpital public avec le sas des urgences. Les citoyens ont pu constater à l'aune de la canicule de 2003 combien cette problématique pouvait être terrible. Il s'agit d'un des points d'insatisfaction récurrent au sein de nos établissements. Ce qui est dramatique, c'est quand ceci conduit à un drame qui aurait pu être éviter, ou s'il n'aurait pas pu l'être, n'aurait été rattaché au délai d'attente si la prise en charge avait été rapide. Il s'agit a priori bien souvent bien enjeu d'organisation du travail, et il est frustrant en tant que responsable de constater qu'il puisse encore de nos jours souffrir d'incompréhension, ou de manque de prise de conscience de la part des professionnels de santé eux. Bien évidemment, on peut facilement opposer qu'il existe des solutions, avec des moyens adéquats on organise plus facilement l'orientation des patients dès leur entrée dans l'établissement, tandis qu'à défaut de moyens à la hauteur l'organisation collective de travail, n'est pas à l'abri d'une erreur. En posant cet item, les français visent donc juste.