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Des maires et élus de tous bords appellent les sénateurs à se mobiliser contre la prostitution en adoptant rapidement la proposition de loi déjà votée à l’Assemblée nationale.Cet article est publiée un jour après qu’une ancienne prostituée, Rosen Hicher, 57 ans, soit arrivée à Paris au terme d’une marche de 800 km depuis Saintes (Charente-Maritime), pour réclamer "l’abolition de l’esclavage sexuel" et la pénalisation des clients. Cette mesure phare de la proposition de loi avait fait l’objet de vifs débats lors de son adoption par les députés en décembre 2013. Depuis, la commission spéciale du Sénat a supprimé en juillet cette disposition, la jugeant inefficace pour lutter contre les réseaux et susceptible de précariser davantage les prostituées. Dans une formulation signée notamment par les maires socialistes de Paris Anne Hidalgo, de Nantes Johanna Rolland, de Strasbourg Rolland Ries, mais aussi leurs collègues UMP d’Orléans Serge Grouard ou de Mulhouse Jean Rottner, les élus rappellent que la "prostitution est d’abord une exploitation des plus vulnérables". Ils invitent les sénateurs "à adopter rapidement un texte équivalent, ou renforcé, à celui adopté à une large majorité par l’Assemblée nationale", sous-entendu, incluant la pénalisation des clients.
Le Sénat n’a pas mis le texte à son agenda de séances. Les élus s’interrogent: "comment éduquer nos enfants dans l’égalité entre filles et garçons si les hommes peuvent exploiter la précarité des femmes pour leur imposer un acte sexuel par l’argent?" Outre la pénalisation des clients par une contravention de €1.500, le texte prévoit le renforcement de la lutte contre le proxénétisme, une aide aux victimes et le développement d’alternatives à la prostitution, et une politique d’éducation et de prévention auprès des jeunes.Rosen Hicher, prostituée durant 22 ans -avant de s’en sortir en 2009- s’est rendu sur son premier lieu de prostitution, avant de rejoindre le Sénat, pour une marche revendicative avec de nombreux élus et personnalités. "Laisser le droit aux clients de nous acheter, c’est laisser le droit aux proxos de nous vendre: tant qu’il y aura de la demande, il y aura de la vente; quand on interdira l’achat, il n’y aura plus de vente et plus de victime", avait-elle expliqué à l’AFP lors de son départ de Saintes, "la dernière ville où j’ai vendu mon corps".FG