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Pour arrêter Scott Summers et l'empêcher de s'enfoncer plus avant dans ce qu'il estime être une attitude radicale et auto-destructrice, Hank Mc Coy a eu une idée qui est à la croisée du génie et de la tragédie : ramener dans le présent les premiers X-Men, ces jeunots insouciants, qui sous la houlette du professeur Xavier (que Scott a abattu durant Avengers Vs X-Men...) combattaient le crime et l'intolérance en jupette ou en caleçons longs. Bien sur les temps ont changé, et l'arrivée de ces idéalistes au coeur (encore) plus ou moins pur détonne avec ce qu'ils vont découvrir peu à peu, à savoir un présent (pour eux le futur) où le monde a drôlement changé, y compris eux-mêmes. Les plus mal à l'aise sont peut être Marvel Girl, et le jeune Cyclope. La première citée doit composer avec une existence qui sent bon la tragédie, la mort, et la renaissance, incarnation en Phénix Noir comprise, avec au compteur un sacré bilan en terme de morts et de chaos dans l'univers. Le second est au centre d'enjeux qui le dépassent, avec une version adulte considérée comme le plus grand terroriste de la planète, et des hormones en pleine ébullition. Impulsif, le Scott d'alors s'empare de la grosse moto de Wolverine (dont il ignore la personnalité et les coups de tête. Ne jamais voler les biens de Logan...) et s'en va pour une virée en ville, où le présent se rappelle à lui très vite. Dans une banque, il va faire la connaissance de la mutaforme Mystique, longtemps ennemi juré du premier groupe des X-Men, qui voit là une splendide opportunité pour faire aboutir certains de ses plans secrets...
Après avoir ravivé la flamme des Avengers, mais avoir aussi laisser l'ensemble se déliter en fin de parcours, Brian Bendis débarquait sur les X-Men avec beaucoup d'attentes et pas mal d'audace. Le pitch de départ, et le premier tome de la collection Marvel Now! avaient de quoi réjouir même les moins sensibles au monde des X-Men, tant la série démarrait sur les chapeaux de roue. Mais voilà, ici le niveau qualitatif baisse en régime. Certes les dialogues sont encore souvent savoureux, et il est plaisant de voir que pour les anciens X-Men, cet avenir qui d'un coup d'un seul devient le passé, est bien lourd à assumer. Angel est assez dérouté devant ce qu'il va devenir, Jean Grey doit absorber plus qu'elle ne saurait en gérer, et ce sont les tensions narratives entre ces vestiges du passé, encore tendres et naïfs, et ce que Marvel a fait aujourd'hui de ces personnages, qui est la sève de ce second tome. Il est aussi plaisant de voir que la jeune Kitty Pride, autrefois benjamine de la formation, est devenue à plein titre l'adulte responsable et le guide potentiel pour cette troupe hors du temps, et la confidente idéale pour Jean, qui doit encore découvrir l'étendue de ses pouvoirs (et les maîtriser). La dure réalité, c'est le programme que propose Scott Summers, le vrai, celui d'aujourd'hui, qui cherche à recruter pour son école, et dans sa vision du monde assume par moment un rôle qui n'est pas sans rappeler vaguement celui que pouvait jouer autrefois un certain Magneto, qui optait plus pour le poing fermé que la main tendue. On regrettera juste que sous la couche de vaudeville, ces épisodes manquent de vrais vilains, de vrais combats épiques, et menacent de vite tourner à vide, faute d'oxygène (ce qui va malheureusement se produire dans les prochains tomes, Battle of the Atom à part). Coté dessins, par contre, rien à dire, avec Stuart Immonen et David Marquez, c'est superbe, et il faudra être bien sévère pour oser chicaner!