Quelque part
Oh ! Quelque part dans une villa vide du bord des mers
Dis mon amour ! Avec des fleurs dégénérées et des asters
Dans la maison d’un garde-chasse ou bien peut-être
Dans la petite chambre en bois blanc d’un vieux prêtre
Quelque part tout au fond d’un hôtel de province
Qui sent la suie mouillée le cuivre et les harnais
Ou plus loin si tu veux dans un pays malade
Et fréquenté des seules bêtes de forêt
Ô mon amour en cet octobre je t’emporte
A travers cette pluie de sang des feuilles mortes
Comme un enfant qui cherche à préserver le nid
Surveillé deux saisons La terre se chamarre
De garance et de pourpre et l’on entend les gares
Rappeler longuement les trains bleus qui ont fui
Que ce soit en un lieu très humble avec des lampes
Aux vieilles mèches difficiles à remonter
Des meubles bas de la poussière sur la rampe
Et des plumes en moins au coq du vaisselier
Car nous avons un goût tenace pour ces choses
Qui naissent de nous-mêmes singulièrement
Et les pâles soleils qui tombent du couchant
Ajoutent dans le temps à leur métempsycose.
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Ce poème est issu de Poésie la vie entière – Œuvres poétiques complètes, Editions Seghers (1977)