Salut Jeannot! Tu es né le 30 Janvier 1935, sur fond de crise nationaliste alors que la gauche et la droite s’écharpent sur la conduite à tenir de la France. Nos chers élus de droite sont pour la conciliation face aux dictatures italiennes et allemandes tout en laissant de bien jolies traces dans leurs caleçons lorsque Hitler ou Mussolini hausse légèrement la voix. La gauche, elle, réclame la fermeté. L’histoire dira qui avait raison. Toi, tu t’en fous, tu es tout jeune et tu grandis dans le 5ème arrondissement, promenant tes frêles jambes et ton teint blafard entre le Panthéon, la Sorbonne et le Jardin des Plantes. A tes 11 ans, alors que tes premiers poils poussent sur ton menton, tu entres au très réputé collège Sainte-Barbe qui a rasé d’ennui plus d’une célébrité au cours des décennies. Y sont passés, en vrac : Jean Jaurès, Gustave Eiffel, Bernard Kouchner, Claude Lelouch et autres Jean-Pierre Castaldi. D’ailleurs, chose amusante selon le sens qu’on veut bien lui donner, l’amicale des anciens élèves est reconnue d’utilité publique depuis 1880… Je laisse chacun méditer là-dessus.
Ils étaient plus marrants avant les Bidochon...
Tu suis le cursus politique classique pour le formatage des grosses têtes : Droit-Magistrature-Piston. Mais tournons encore un peu du pot, veux-tu? Tout le monde attend fébrilement les passages qui t’ont rendu célèbres, tes réels faits d’armes qui feraient passer Bernard Tapie pour l’abbé Pierre. Alors accélérons, veux-tu? Tu entres en politique auprès de René Capitant, le dirigeant des gaullistes de gauche (ou comment démontrer qu’on a vraiment pris les gens pour des cons – pourquoi pas les lepenistes du PC tant qu’on y est?)
En 1965, tu es élu au conseil municipal de Paris. Trois ans après, alors que ton quartier s’embrase pour la cause révolutionnaire, tu deviens député suppléant pour René, ici présentement nommé un peu plus haut. Très peu de temps après, quand celui-ci entre au gouvernement, tu passes député à temps plein. En 1973, tu es élu député sous ton nom propre. Est-ce à dire que tu n’avais aucun droit d’être député avant? Chacun son point de vue. C’est à cette période que tu t’acoquines avec l’homme aux grosses lunettes, j’ai nommé Jacques Chirac, car tu as senti son gros potentiel et tu ne veux pas perdre les miettes de ce qu’il laissera trainer même si cela doit être les gants d’un précédent toucher rectal sur Marguerite, humble vache du Cantal à 327 kilos au garrot, lors d’un des nombreux salons de l’Agriculture. Pour te remercier de cette douce attention, il te fait secrétaire d’état dans cette même discipline agricole.
Oui, bah quand on est moche et con, on réussit comme on peut, vous m'excuserez Monsieur le Juge.
En 1977, tu deviens suppléant de ce cher Jacques à la mairie du 5ème puis son premier adjoint. En 1983, tu es élu maire du 5ème et tu le resteras jusqu’en 1995, date à laquelle tu prendras non plus une part, mais la totalité du gâteau parisien. Ton mandat durera jusqu’à 2001 et il sera très peu marqué. Tu mets en place les couloirs de bus et les pistes cyclables et tu ouvres les voies sur berges aux piétons le Dimanche. Wahou… Bref, 2001, la rose au pouvoir à Paris. Tu restes maire du Cinquième et tu es encore en activité à ce poste malgré les procès qui te collent aux baskets tels les vieux chewing-gum usagés des trottoirs de Paname.
Enfin, nous y voilà. Premièrement, cette histoire occulte de marchés publics détournés par toute une bande de filou tel que toi s’est soldé par un non-(ça n’a pas eu) lieu bien rémunéré par toutes les parties en jeu. Jusqu’à Jacques Chirac était mouillé dans cette sordide histoire. Vient ensuite ton fait de gloire! Les faux-électeurs! Brillante idée! Comment gagner une élection quand on est sur de la perdre? Facile, faire voter des inexistants.
Si vous pouviez arrêter de filmer après mon passage, ça m'arrangerait. Les gens qui arrivent ne sont pas tout à fait réglos.
L’affaire a éclaté le 23 Avril 1997 dans le Canard Enchainé, que ceux qui le critiquent seraient bien inspirés d’imiter. Entre 3.000 et 4.000 électeurs inscrits illégalement par le RPR sur les listes du 5ème. Des gens lambdas invités à donner un coup de pouce à Tibéri en échange d’un futur coup de main tel qu’une place en crèche, un logement, un emploi, une statue Place de l’Etoile etc. La bonne escroquerie organisée visant surtout des gens du bas peuple qui ne pouvaient que difficilement refuser. Les gens du Canard ont découvert le pot aux roses, en allant tout simplement – liste en main – vérifier que les gens habitaient bien à l’adresse indiquée. Du journalisme d’investigation en plein Paris, chapeau l’artiste. Il faut bien faire savoir que tu as eu le culot de tout nier alors que plusieurs des parents de ton épouse, Casanova de son nom de jeune fille, étaient inscrits irrégulièrement sur ces listes. Comme quoi Casanova n’embrassait pas que les femmes, parfois le vice aussi.
A côté de ce gros morceau, ton expulsion de la mairie de Paris suite à (encore une fois) une dénonciation du Canard pour non-paiement du loyer apparaît comme du caca de gendarme de la garde civile. C’est à se demander où se trouvent les autorités et ta conscience personnelle.
Ce qui nous amène au proverbe final. Quand Tibéri, la décence pleure.
Publié dans Le Petit Dictionnaire Loufoque