Homme à sagas, Robert Rodriguez aime exploiter les formules qui marchent. Après quatre épisodes de Spy Kids, deux Desperado, une adaptation télé d’Une Nuit en enfer (dont il réalise quelques épisodes et qu’il chapeaute personnellement) et bientôt trois Machete (qui reviendra faire n’importe quoi en 2015 avec : Machete Kills Again… in Space !) le réalisateur texan est de retour pour nous gratifier d’une séquelle dispensable à son Sin City et ce, neufs ans après la sortie du premier opus.
Que dire à propos de Sin City : A Dame to Kill For ? Une seule chose : le film est incroyablement paresseux. Visuellement tout d’abord : se contenant d’exploiter une technique plébiscitée par tous, c’est à peine si ce second volet brille par sa beauté formelle. Une robe bleue par ci, des yeux verts par là, quelques lunettes aux verres grisés, des cicatrices et une jolie fille en couleur… En bref, des éléments tous, sans exception, déjà vus dans le premier et pas une seule nouveauté visuelle à l’horizon. Exception faite d’une ou deux scènes bien foutues (Eva Green dans la piscine et un Joseph Godron-Levitt miniature qui se fait couper en tranches) aucun effort à noter et une mise en scène visuellement maigre, limite laide. Voilà les oripeaux dont se pare mollement Sin City 2.
Deuxième fainéantise notoire : le scénario. Les personnages sont les mêmes que dans le premier, ils ont les mêmes objectifs, les mêmes caractéristiques : Marv est toujours fou, Dwight est toujours amoureux, Hartigan est toujours mortellement bienveillant, Miho tire toujours à l’arc, Nancy est toujours la queen du lap-dance, Gail est toujours la reine des prostituées en colères... Seule Nancy qui a la chance d’évoluer quelque peu se transforme sans finesse ni conviction, en Ange de la Vengeance pseudo badass. Quant aux petits nouveaux du casting, ils ne sont pas bien brillants : Lady Gaga fume, Ray Liotta comme à son habitude, cabotine à mort, Juno Temple joue mal, Chistopher Lloyd incarne le Doc de Retour vers le futur sous crack… Bref, ça rame.
Problème majeur de ce scénario mou : les méchants. Au grand nombre de deux pour trois histoires. Faudrait veiller à ne pas trop se fouler surtout. D’autant plus que le premier grand méchant du film n’est autre que le sénateur Roark, ici Némésis de deux segments sur trois et déjà grand méchant dans le premier Sin City ! Second antagoniste vilain : Eva Green. Censée incarner le rôle de la femme fatale mangeuse d’hommes, Dame Eva dévoile la finesse de son jeu en étant gratuitement à poil, allongée dans des poses lascives tout au long du film – mais elle fait ce qu’on lui dit, certes. Manifestement parfaitement convaincue par son rôle, elle réitère peu ou prou sa performance dans 300, Rise of an Empire et bien que dotée d’une poitrine généreusement ravissante (et extrêmement mise en valeur, on n’insistera jamais assez sur ce point), son physique ne suffit pas à cacher le fait qu’elle surjoue et assez mal de surcroit. En bref, Sin City 2 c’est aussi des acteurs en roue libre, qui quand ils ne s’amusent pas (seuls Powers Boothe (Roark) et Mickey Rourke semblent prendre leur pied) sont livrés à eux-mêmes ou semblent s’en foutre complètement.
Dernier souci gênant, le film se pare d’une morale manichéenne implicite n’existant pourtant pas dans le premier opus qui posait des personnages tous plus viciés et mauvais les uns que les autres, prisonniers corrompus d’une ville sans foi ni loi. Malheureusement, dans Sin City 2 ils ne sont que de simples victimes : de l’amour, du pouvoir, de la folie et de la hargne impérieuse que les deux méchants mettent à leur pourrir la vie sans trop de justification narrative. Là est le seul et unique sujet du film. Mais les méchants ne sont plus à la hauteur et le film en devient plat ; souvenons-nous de ceux du premier volet : Elijah Wood en maniaque cannibale obsédé par les prostituées et le fils du sénateur, violeur passif de petites filles, concupiscent jusqu’à la moelle et véritable sadique anal… Le film débordait de sexualité moite, de vices et de luxure. Empoté d’un scénario mou et sans ambition, Sin City 2 est inanimé, morne et ennuyeux.
L’ennui étant contagieux, le spectateur n’aura de cesse de regarder sa montre avec lassitude, en espérant, en vain, qu’il se passe enfin quelque chose d’intéressant à l’écran. Ce qui n’arrive jamais vraiment.
Séquelle passablement inutile et vaine, ce second opus terne et triste et qu’on espère être le dernier, n’aura définitivement convaincu personne.