Le 11 octobre à par Ismaël KARROUM
http://www.charentelibre.fr/2014/10/11/charente-les-impayes-des-fournisseurs-mettent-30-salaries-a-la-porte,1919090.php
«Marchesson Société Nouvelle» est rayée de la carte économique du département. En cause: la conjoncture et les conséquences désastreuses de chantiers impayés.
Jeudi dernier, le tribunal de commerce de la Charente a ordonné la liquidation judiciaire de «Marchesson Société Nouvelle», une entreprise d’Asnières-sur-Nouère qui employait 30 salariés. Fondée en 1967 par Guy Marchesson, elle a compté jusqu’à plus de 50 employés. En 1999, c’est sa fille Isabelle qui reprend le flambeau, avant de revendre en 2007 à Vincent Dambax, un ancien cadre de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Angoulême, et Éric Doussinet. L’année dernière, les pépins se sont accumulés, asséchant la trésorerie de l’entreprise. «On a eu deux événements majeurs. D’abord, on a restructuré en fermant notre branche travaux publics qui était déficitaire, pour ne conserver que la construction métallique», décrit Vincent Dambax. C’était l’année dernière. Première cohorte de licenciements. Surtout, un client fait la sourde oreille au moment de régler la note pour des travaux d’un magasin à Champniers. 180.000€ dans la nature. «Sans contestation sur les travaux. Juste, il ne payait pas», décrit Vincent Dambax.
Le client en question, c’est une holding basée près de Metz, qui chapeaute des dizaines de magasins un peu partout en France. Face à cette ardoise et à une trésorerie à sec, Vincent Dambax sollicite en décembre dernier le tribunal de commerce d’Angoulême. Son entreprise est mise en plan de sauvegarde, le temps de reprendre de l’air. Parallèlement, le gérant de Marchesson attaque en justice son client. «Sauf que le temps judiciaire, c’est pas le temps des affaires», regrette le chef d’entreprise. Et qu’en quelques mois, il se prend deux impayés de plus, dont un de 70.000 euros d’une filiale du groupe Partouche, placée en redressement judiciaire.
Une intention de reprise déposée
«On s’est retrouvé avec 300.000€ d’impayés. Là, ce n’était plus jouable. On n’avait plus de trésorerie. La banque nous a soutenus, mais dans les limites de la raison».
Rayon de soleil le 1er juillet, lorsque la justice a condamné le premier client, celui dont la dette se monte à 180.000 euros, à régler ses travaux. «On a demandé la saisie de ses comptes. Sauf que c’est une holding et qu’il ne faisait rien remonter des filiales. Du coup, on n’a pu récupérer que 400 euros sur 180.000».
L’été est passé. L’entreprise n’a pas tenu. «Début septembre, on savait que c’était fini. On a terminé nos chantiers en cours, ceux qu’on a pu et on a orienté nos clients vers nos confrères et concurrents», décrit Vincent Dambax, touché par l’issue de l’aventure.
Ironie de l’histoire, le lendemain de la liquidation, il a reçu une lettre des avocats du client mauvais payeur lui annonçant que ce dernier était désormais prêt... à payer. Trop tard. l’entreprise avait déjà tiré le rideau. «Désormais, c’est au liquidateur de poursuivre ou non les procédures qu’on avait entamées de ce côté-là». Au final, 30 salariés se retrouvent aujourd’hui au chômage. Un espoir: une intention de reprise –une intention, pas encore une offre– aurait été déposée dans la semaine. Elle doit désormais être étudiée par le liquidateur.
”On a demandé la saisie de ses comptes. Sauf que c’est une holding et qu’il ne faisait rien remonter des filiales. Du coup, on n’a pu récupérer que 400€ sur 180.000.