Bonjour à tous,
Pour mon retour parmi les fidèles de nos diners au Vieux Chêne, le thème était prestigieux : verticale de Cote Rôtie Jamet.
Après quelques blanc d'apéro dont un très bon bourgogne blanc de Vezeley que nous avions placé à Chablis, un joli Condrieu La Bonette de Rostaing 2011 et une petite arvine Suisse étonnante.
Un premier rouge est servi par Mathieu, histoire de se faire la bouche. Et là, à peine le nez au dessus du verre, je ne peux m'empêcher de crier "Volnay de Jean Pierre, genre VV 2011". Un nez de cerise, légèrement kirchée, note de ronce, pointe fleurie. La bouche est ample, large, tanins ronds dans une structure bien droite sur la cerise, la ronce, des note florales, toujours cette pointe alcool kirch. La finale est fraiche mais bien enrobée, longueur intéressante sur le fruit rouge, la cerise, la ronce et ce fond floral qui se teinte d'épice réglisse. TB+ 91 (16,5). Je reste sur un Volnay de Jean Pierre (domaine Voillot), mais c'est un Cailleret 2008, ce qui, au vue de la fraicheur d'une part, de la persistance de l'autre, n'est pas surprenant.
Ensuite on attaque les Cotes Roties (CR) de Jamet dans l'ordre décidé par Benoit (on ne connaît pas le millésime) :
CR 2008 : Nez de fruit rouge séduisant, puis plus cassis, note réglisse et poivre, pointe violette légère et fond moka élégant. La bouche est charnue, la structure est fraiche mais les tanins ronds sont suffisamment dense pour donner un équilibre assez charmant car l'aromatique de fruit rouge , les notes réglisse et le fond moka avec une pointe de ronce, de noyau rend l'ensemble élégant, dans un style plutôt austère que festif. La finale est fraiche, tendue et propose une persistance intéressante sur le fruit rouge mais surtout toujours séduisante grâce à ce fond moka bien intégré. TB 90 (16)
CR 2004 : Nez de cassis cette fois, notes marquées entre réduction et animal qui évolueront vers un bacon grillé en fin de repas plus élégant, pointe fleurie et fond olive noire, poivre. La bouche est corpulente, le tanin est rond et plus dense que 08, la structure est droite, profonde, plus austère encore sur le cassis, note bacon grillé, pointe animale et fond moka. La finale est fraiche, et la persistance honnête sur le cassis, la bacon grillé mais toujours cette pointe animale pas très élégante. B+ 87 (15)
CR 2005 : Nez de fruit rouge à nouveau, puis cassis, note florale, d'épice, poivre et réglisse, pointe de ronce, fond bacon grillé et moka classe, c'est plus complexe, plus fin et élégant. La bouche est corpulente, toujours cette structure droite, profonde mais cette fois, adoucit par des tanins soyeux, bien enrobant, ce qui donne de l'ampleur, c'est tonique sur le fruit rouge, puis le cassis, pointe fleurie, note poivre, fond bacon grillé et moka, classe. La finale est tonique, longue, belle persistance de fruit rouge, cassis, fleur, réglisse, poivre et le fond moka et bacon. C'est très bon, toujours un style un peu austère mais cette fois il y a de l'ampleur. Excellent 93 (17)
CR 2007 : Nez cassis, avec une pointe alccol, plus expressif que les précédents, plus ample, note florale violette, poivre et fond bacon grillé. La bouche est corpulente, plus puissant que 05, tanins ronds, toujours cette structure droite et fraiche, sur le cassis, le poivre, la violette et un fond fumée évoluant vers la suie. La finale est fraiche, assez puissante, moins fine et précise que 05 et un la perssitance moins longue sur le fruit noir mûr, typé cassis, note de violette, de poivre et fond fumé, viande grillé (moins bacon et animal que toutes les précédentes) Très bon aussi. Excellent 92(16,5-17)
CR 2006 : Nez très différent à l'attaque, plus kirchées, avec des notes de thé fumé, d'épice patchouli avant de revenir sur du cassis en toile de fond. La bouche est corpulente, plus souple cette fois, avec des tanins soyeux mais moins bien définis, c'est plus ample, je trouve même que cette fois, on est plus dans le style classique de la Cote rôtie, sur le cassis, mais aussi la cerise, note kirchées, ce côté épice patchouli, avec un fond thé fumé et olive noire, c'est séduisant. La finale est droite, plus large, plus "sexy" que les autres avec une jolie persistance cassis, thé fumé, cerise, note épice patchouli revenant vers une dominante poivre blanc et fond fumé. TB-Excellent 91 (16,5)
CR 2009 : Nez de cassis mûr, encore marqué de son élevage classe avec le moka et un peu canaille avec une pointe vanille, les notes florales violette sont là, tout comme le poivre et le fond bacon grillé, c'est jeune, mais très gourmand. La bouche est charpentée, c'est plus dense, très beaux tanins soyeux, précis, prenant de l'ampleur en bouche et cette fois la fraicheur, toujours présente, s'en trouve mieux équilibré sur le fruit bien mûr, les notes d'élevage classe, certes très marqué à date, mais les note de violette, de poivre sont bien là. La finale est dynamique, ample et surtout cette fois bien gourmande, sur le fruit mûr, sans être confit, avec une belle persistance de cassis, les note moka et vanille, et le fond bacon grillé. Encore très marqué de son élevage, je trouve cette 09 très belle, un équilibre comme j'aime. Excellent 93-95 (17+)
CR 1999 : Nez de cassis, note de bacon grillé puis de cuir, classe, pointe de poivre frais, et fond fumé, tabac. La bouche est corpulente, tendue, a nouveau cette structure droite, de la profondeur, des tanins soyeux, c'est assez cistercien quand même, mais très classe sur le cassis, note de tabac, de fumée, pointe de poivre et un fond de cuir. La finale est fraiche bien enrobée dans son empreinte mais dans un style profond, très belle persistance fruit noir mûr, note poivre, fond tabac fumé et cuir. C'est très beau, d'un point de vue formel, Excellent 94 (17,5). ça manque d'une pointe de gourmandise pour moi, surtout après la 2009.
Au final, même si Jamet n'est pas le style que je préfère en Cote rôtie, il faut reconnaître que ce sont de très bons vins. D'ailleurs, ces vins dans un style plutôt austère, m'évoque plus généralement l'Hermitage que la Cote Rôtie. Je crois même avoir en aveugle placé ces vins de Jamet sur la colline de l'Hermitage plus d'une fois !
Il me manque un peu d'émotion pour dire que ce sont de grands vins, émotions que je retrouve généralement avec les vins de Rostaing dans un style plus fin et délicat ou avec ceux de Guigal dans un style plus festif, large, ample et "gourmand".
Enfin avec l'envolée des prix, je me suis arrêté au 2008, dommage car j'aurais quand même été content d'avoir quelques 2009 en cave ;-)
Amicalement, Matthieu