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Publié le 11 octobre 2014 par Euphonies @euphoniesleblog

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The DØ - Shake Shook Shaken

J’ai tourné sept fois mes doigts autour du clavier avant de m’y mettre. The DØ avait-il besoin d’un énième article élogieux en ce début octobre ? J’ai tourné une semaine autour du sujet, envisagé des rapprochements de carrière ave Yelle (3ème album, français qui réussissent à l’étranger), cherché un angle, et puis culpabilisé. Combien de groupes dans l’ombre, tout aussi talentueux en 2014 que la paire Olivia Merilahti / Dan Levy ? La mission du blogueur n’est-elle pas d’ouvrir une modeste fenêtre à ceux qui n’ont pas la chance de faire la couv’ des Inrocks, d’être relayés, sanctifiés par la playlist France Inter ? Chaque jour, un artiste mérite qu’on parle de lui, même s’il n’a enflammé que 40 personnes lors d’un radio-crochet, même s’il joue de l’Oud et se voit recalé en fin d’un festival de jazz.

La vibration. Donnée essentielle. La vibration n’a que faire des couvertures de magazines, des tubes en rotation, de la hiérarchie. Laissez-moi vous raconter une anecdote : un jour, alors que j’étais au collège, s’est tenu un spectacle de fin d’année. Théâtre, improvisations, sketches. Les parents sont présents dans la salle, tout le monde est bienveillant, conciliant, malgré les ratés, les approximations. L’essentiel est de communier autour d’un effort, d’une extraversion courageuse de petites têtes blondes. Et puis en fin de soirée, les lumières se tamisent, il est bientôt l’heure de coucher les plus jeunes, on hésite à quitter le gymnase transformé pour l’occasion en salle de spectacle. Les adultes ont donné, les ados doivent rentrer. Demain, y a école. Sauf que. S’avance timidement dans la pénombre une frêle silhouette. Dans une robe noire, élégante, mais un peu trop grande pour elle. D’un coup les conversations baissent d’un ton, on s’interroge, saisi par l’apparition. C’est une élève de troisième, inconnue à mon bataillon, qui se dresse intimidée devant le micro, devant la foule et l’obscurité. Et une fois le silence religieux obtenu sans peine, voilà que la timide jeune femme captive l’auditoire d’un Love Me Tender chanté avec une extrême justesse, une intense émotion. Tout le monde connaît le standard du King. Mais personne ne s’attendait à cette version émue, à fleur de peau. Présent dans la salle, j’ai l’impression de découvrir le morceau. Je vibre. A cette époque, pas d’émission TV pour lui promettre un avenir plus ou moins éphémère. Mais lorsqu’elle sort de scène, après avoir magistralement rendu honneur aux mots d’Elvis, j’ai presque envie de lui demander un autographe. La vibration trouve parfois sa source là où on ne l'attend pas.

Cette parenthèse un peu longue pour répéter qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. L’album de The DØ est ambitieux, et propose, qualité rare, des morceaux capables de cristalliser une époque, un sentiment dans la voix de la délicieuse Olivia. L’album Shake Shook Shaken surfe certes sur les sonorités actuelles, très efficaces d’une électro-pop promise à de multiples versions extended ou remixées. Mais l’essence est déjà là : comme cette collégienne à qui j’aurais bien demandé un autographe au sortir de scène, The DØ accumule dans ce troisième album une somme de tubes imparables ( Keep your lips sealed / Trustful hands / Despai, Hangover & Ecstasy / Anita No !) Et j’en passe. L’album est excellent, frondeur, toujours dans la recherche d’une mélodie handicapée, sous mixée, qui finit par trouver la lumière dans sa progression vers des hauteurs certes élégiaques mais jamais pompeuses. Et surtout sincères. Ici on compose sans vocoder, on éclate le couplet / refrain, on travaille la mélodie. Au son du choral Lick My Wounds pourquoi bouder son plaisir ?

Profitons de cet album. Et je promets de me pencher la prochaine fois sur les autres propositions tout aussi ambitieuses.  Après tout, on peut concilier mainstream et références occultes, non ?

Et mon morceau préféré :Trustful Hands : 



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