Les chercheurs ont analysé les données épidémiologiques mises à jour des cas d’Ebola au Nigeria au 1er octobre 2014, estimé le taux de létalité, le taux d’incidence chez les professionnels de santé, les mesures de progression de la transmission et l’impact des interventions sur la progression de l’épidémie. L’étude confirme déjà l’ampleur sans précédent de cette vague épidémique la plus importante à ce jour en Afrique de l’Ouest avec un taux de létalité officiel de 50% mais probablement très sous-estimé selon l’OMS.
Dans cette étude, les chercheursde différentes universités d’Afrique et des Etats-Unis ont utilisé la modélisation pour estimer ce que serait l’ampleur de l’épidémie dans différentes hypothèses de délai de mise en œuvre des interventions de contrôle.
Ces mesures de contrôle incluent
· l’isolement de tous les contacts des cas initiaux confirmés,
· le transport des patients en centre de traitement spécialisé, une fois leur infection à Ebola confirmée,
· la séparation des sujets asymptomatiques des sujets symptomatiques alors évacués.
· La surveillance et l’isolement durant 21 jours des sujets négatifs, mais présentant des symptômes tels que la fièvre, des vomissements, des maux de gorge et la diarrhée, « libérés » ensuite si exempts de symptômes.
Un scenario bien différent de celui de la Guinée où l’épidémie est restée inaperçue pendant plusieurs semaines, ce qui a favorisé la propagation du virus vers la Sierra Leone et le Libéria et entraîné une épidémie incontrôlée.
Différentes hypothèses de délai d’intervention : La modélisation montre que la transmission Ebola est influencée de manière majeure par la rapidité de mise en œuvre des mesures de contrôle :
· Une mise en œuvre dans les 3 jours : 15 à 106 cas pour 1 cas initial
· Dans les 10 jours : 20 à 178 cas
· Dans les 20 jours : 23 à 282 cas
· Dans les 30 jours : 60 à 666 cas
· Dans les 40 jours : 39 à 1.599 cas
· Dans les 50 jours : 93 à 2.771 cas
La fenêtre d’intervention est limitée et l’intervention doit être énergique en matière de recherche des contacts et d’isolement, insiste l’un des auteurs, le Pr Lone Simonsen, de l’Université George Washington.
Avec les mesures de contrôle, la transmission diminue de « génération en génération » : Au Nigéria, le sujet initialement infecté a généré une première génération de 12 cas secondaires, ces 12 cas ont généré 5 cas secondaires et ces 5 cas secondaires ont généré 2 cas de troisième génération, ce permet aux auteurs d’estimer, en cas de mise en œuvre rapide des mesures de contrôle :
· Une transmission de 12 à la première génération,
· de 0,4 à la deuxième et troisième générations.
Au global, si le « taux » de transmission de l’épidémie en cours en Sierra Leone et au Liberia se situe entre 1,5 et 2 ce qui suggère que l’épidémie est encore loin d’être sous contrôle, l’étude apporte la confirmation de l’efficacité de la réponse nigériane, illustrée par une diminution spectaculaire du nombre de cas secondaires au fil du temps et l’espoir aussi pour les autres pays touchés.
Source: Eurosurveillance 09 October 2014 Transmission dynamics and control of Ebola Virus Disease (EVD) outbreak in Nigeria, July-September, 2014