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Dimanche 11 octobre 1914

Par Cantabile @reimsavant

Hier soir, après une journée de bombardement, nous avions entendu, vers 22 h, une violente canonnade avec fusillade. Ce matin, à 5 h ½, c’es le roulement effrayant des départs de nos 120 qui nous a réveillés. L’ampleur du son de ces détonations ne ressemble en rien aux claquements de 75. On pourrait comparer le bruit de ces dernières pièces, au déchirement sec produit par l’arrivée soudaine de la foudre, au cours d’un orage, et celui occasionné parles autres avec le grondement de tonnerre précédant la décharge électrique.

- Hier, nous avons vu dans Le Courrier, l’appel suivant, s’adressant aux catholiques rémois :

Appel aux catholiques rémois. L’épreuve se prolonge pour notre ville de Reims. Beaucoup de familles sont déjà frappées dans leurs membres et dans leurs intérêts ; toutes ont passé par de cruelles angoisses, les dangers présents et l’inquiétude du lendemain.

La ville aussi est atteinte au vif, dans les souvenirs de son passé, dans ses fondations religieuses et communales, dans ses richesses artistiques, dans son industrie.

Il convient que la population catholique demeurée nombreuse, réveillée parla douleur, se tourne vers DIEU, maître des événements, trop souvent offensé ou délaissé, et le prie avec instance de ne pas prolonge la peine déjà lourde pour nos épaules.

De toutes nos forces, demandons à Saint-Remi et à Jeanne d’Arc d’intercéder pour notre cité, pour sa prompte délivrance et pour le salut de notre Patrie.

J. de Bruignac, A. Benoist, H. Bataille, Ch. Demaison, Ch. Heidsieck, Gve Houlon, L. Mennesson-Dupont, H. Abelé, Pol Charbonneaux, R. Dargent, Félix Michel

- dans Le Courrier d’aujourd’hui, nous lisons d’abord ceci, en caractères gras :

Les ravages du bombardement. D’après de nouvelles instructions de l’autorité militaire, défense nous est faite de continuer cette rubrique.

Nous exprimons donc aux personnes qui nous avaient adressé des renseignements à y insérer, le regret de ne pouvoir leur donner satisfaction.

Les journaux ne nous donnaient déjà pas beaucoup d’indications sur les événements malheureux accablant notre pauvre ville de Reims. Désormais, nous ne serons probablement plus informés de rien ; l’autorité militaire en a décidé ainsi. Cela m’incite à continuer de prendre mes notes, à les tenir exactement au courant et à observer.

- Le journal parle ensuite du cours des denrées :

Sur les marchés. Le marché du samedi était assez bien approvisionné ; voici lecoursmoyen des denrées :

Pommes de erre longues, de 0.25 à 0.30 le kilo ; oignons 0.30 à 0.35 ke kilo, échalotes, 0.40 le kilo ; haricots, 0.25 le ½ kilo, beurre, de 2 F à 2.40 le kilo ; maroilles, de .50 à 1.60 la pièce.

Le lapin et la volaille, peu abondante, - prix variable.

À la criée municipale, le bœuf est vendu de 1.60 à 2.0 le kilo.

- Enfin, sous la rubrique « Dans Reims », nous lisons encore :

Depuis que le CBR a repris le service sur Fismes et Dormans, le nombre de nos concitoyens qui en ont profité pour évacuer notre ville, se chiffre par près de 6000.

Des trains supplémentaires durent être formés dans les premiers jours où ce service fut organisé, tant l’affluence était grande.

Depuis les trains réguliers seuls fonctionnent.

- Et faisant suite à l’information précédente, ce qui suit :

Dans les rues et les avenues pouvant être fréquentées sans danger, on ne peut guère poser les pieds sans écraser du verre pilé.

N’y aurait-il pas moyen de remédier à un tel état de choses.

En effet, depuis six semaines, les trottoirs de la plupart des rues passagères sont littéralement couverts de verre cassé provenant des glaces des devantures, ou des très nombreuses vitres brisées par le choc d’éclats ou la violence des déplacements d’air, produits lors des explosions d’obus.

- L’autorité militaire a fait insérer cet avis :

Avis de l’autorité militaire. Les habitants sont invités à recueillir les objets d’armement, équipement et harnachement trouvés sur les champs de bataille et à les remettre aux commandants d’Étapes d’Ay, Épernay, Oiry et Chalons.

Ils recevront immédiatement une prime s’élevant à : ·

  • 10 f pour un fusil ·
  • 8 f pour une selle, ·
  • 6 f pour une bride complète, ·
  • 3 f pour un licol, ·
  • 3 f pour un havre-sac, ·
  • 2 f pour un ceinturon, ·
  • 2 f pour une baïonnette avec fourreau, ·
  • 1 f pour une baïonnette sans fourreau, ·
  • 0.50 f pour une cartouchière,

ces objets étant en état suffisant pour être utilisés.

Au cas où d’autres objets seraient présentés, il serait attribué aux porteurs, une prime proportionnelle à leur valeur, d’après les bases du tarif ci-dessus.

Par contre, tout particulier qui sera trouvé possesseur d’objets appartenant à l’armée au-delà d’un délai de quinzaine, après le départ des commandants d’étapes de champ de bataille, sera passible de poursuites pour vol et recel.

Ceux qui, passé ce délai, découvriraient des objets abandonnés, devraient les déposer immédiatement à la mairie la plus voisine.

- Un lecteur du journal lui a adressé une nouvelle lettre, « à propose de la reconstruction des quartiers incendiés et démolis ».

- Dans l’Eclaireur de ce jour, nous trouvons un nouvel appel de la Croix-Rouge, ou de son président ; le voici :

La Croix-Rouge française. Société française de secours aux blessés militaires.

Les membres de la commission exécutive, ainsi que le personnel des hôpitaux (médecins, pharmaciens, administrateurs, comptables, infirmières et brancardiers) demeurés à ce jour à Reims et susceptibles de continuer leurs fonctions, sont instamment priés de se faire inscrire rue de Vesle 18, à la permanence, dans la matinée de neuf à onze heures.

Le président : M. Fabre

- Le même journal publie plus loin ceci :

Les « on-dit ». Parmi les « on-dit » qui circulent suivant la fantaisie des uns et des autres, il en est un qu’il nous est permis de démentir officiellement, c’est celui qui vise l’évacuation de la ville, qui n’a d’ailleurs jamais été envisagée par la municipalité.

- Dans les derniers numéros de L’Éclaireur, nous avons trouvé des en-têtes en lettres énormes, pour annoncer :

Le 5 octobre : « La situation est généralement favorable. Notre aile gauche a repoussé un violent effort de l’ennemi. L’armée du Kroprinz a été de nouveau refoulée. »

Le 7 octobre : « …La grande victoire russe sur les allemands. »

Le 8 octobre : « Situation de plus en plus favorable. Les Allemands tentent un mouvement débordant sur notre aile gauche. Nous continuons à gagner du terrain sur Soissons et Berry-au-Bac. »

Le 11 octobre : « La bataille se poursuit à notre avantage, etc. Les Russes et les Serbes continuent à avancer. »

et tout ceci est simplement la reproduction d’extraits du communiqué, dont les journaux, ainsi que leurs lecteurs doivent se contenter.

Comme nous nous souvenons trop bien que « l’informateur de Reims » nous apprenait déjà, en gros caractères, le 1er septembre : « Les Français continuent de supporter le choc des Allemands et leurs infligent des pertes considérables, » alors que les éclaireurs ennemis entraient dans Reims, le surlendemain, nous ne pouvons véritablement pas nous emballer, aussi, préférons-nous attendre pour nous réjouir.

Paul Hess dans la Vie à Reims pendant la guerre de 1914-1918

Pas de bombes. Canonnade presque continue des Français. Nuit pas de bombes sur la ville. Violente canonnade de temps en temps. Prise d'Anvers par les Allemands.

Cardinal Luçon dans son Journal de la guerre 1914-1918

Siège d'Anvers (1914)

Le siège d'Anvers fut un des épisodes de la Première Guerre mondiale. Il opposa les troupes belges aux troupes allemandes autour d' Anvers dont l'agglomération et les installations portuaires s...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_d%27Anvers_(1914)

7. Anvers (27 septembre - 10 octobre 1914)

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La position fortifiée d'Anvers La ville d'Anvers a été de tout temps une puissante place forte. En 1859, elle possède une enceinte et deux citadelles. Entre 1859 et 1870 la place forte est agra...

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