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Environnement: le déchet, source d’énergie

Publié le 10 octobre 2014 par Blanchemanche

#déchets #Transitionénergétique

Les rebuts ont une utilité en tant que combustible de substitution. En Charente, une entreprise veut montrer l’exemple.

Environnement: le déchet, source d’énergie Sandrine Peraud-Degez et Christian Delage devant le four de Lafarge. © Photo Linda ChasserieauPublié le 09/10/2014 par

Christian Delage ne supportait plus d'envoyer les déchets industriels banals à l'enfouissement. Le patron des Bouchages Delage, une PME du bassin de Cognac spécialisée dans les bouchons pour les vins et spiritueux, avait déjà mené des efforts en interne sur le recyclage pour diviser par deux le volume de rebuts, pour arriver à 50 tonnes annuelles. Lors d'une discussion informelle au Medef Charente avec Sandrine Peraud-Degez, directrice de l'usine Lafarge de La Couronne, il a découvert une voie alternative, la transformation en « combustible solide de récupération » (CSR).
Le principe est simple. Les déchets conservent des capacités calorifiques, variables selon leur nature. Après tri et transformation, ils viennent alimenter l'immense four de la cimenterie, 75 mètres de long pour 5 de diamètre. Poussée progressivement jusqu'à 2 000 °C, la combustion a l'immense avantage de ne laisser aucun résidu, à la différence des incinérateurs classiques, où la flamme atteint 850 °C.

30 % en France, 80 % ailleurs

Pour la cimenterie, c'est autant de coke de pétrole d'épargné, autrement dit, une énergie non renouvelable. Elle « valorise » sur le même concept des farines animales et des sciures imprégnées, telles que les fonds de cuve, pour un volume total de 20 000 à 30 000 tonnes par an.
« Aujourd'hui, les déchets représentent 30 % de notre consommation énergétique, ce qui est dans la moyenne nationale. On pourrait aller jusqu'à 35 ou 36 %. Au-delà, cela nécessite des investissements supplémentaires pour adapter l'outil », observe Sandrine Peraud-Degez.
Dans d'autres pays, ce système est poussé beaucoup plus loin. La directrice mentionne des usines du groupe, dans le nord de l'Europe ou en Pologne, qui atteignent une proportion de 80 %. Avec ses 50 tonnes, Christian Delage est confronté à un problème, il ne pèse pas assez, un « gisement » de déchets ne devenant exploitable qu'à partir d'un millier de tonnes.
La Chambre de commerce et d'industrie de Cognac a mené une étude auprès des 25 plus grosses entreprises du bassin. Elle a évalué le potentiel à 1 500 tonnes. « Pour que ce soit pérenne, il faut organiser une filière. On va créer des emplois indirectement, alors que l'enfouissement en génère très peu », souligne Christian Delage.

Pena, le pionnier de Mérignac

Pour « réveiller les esprits », les Bouchages Delage ont décidé de montrer l'exemple. Ils envoient leurs déchets à Pena Environnement, à Mérignac, une société précurseur en France. Depuis 2005, elle a développé une technologie pour obtenir un combustible de qualité, en fonction de ses caractéristiques. « On ne parle plus d'un déchet dont on doit se débarrasser, mais d'un produit. On est un peu dans la recette de cuisine, avec un suivi qui doit être de qualité. Le plus gros problème qui pourrait survenir avec le développement de cette filière, ce seraient des gens qui feraient n'importe quoi », estime Cédric Desforges, manageur de cette activité chez Pena.
Au-delà des mentalités qu'il reste à faire évoluer, les promoteurs du CSR se heurtent à une certaine résistance de grands groupes qui veulent préserver le marché de l'enfouissement et tirent les prix vers le bas. Mais Pena Environnement est convaincu d'aller dans le sens de l'histoire. « Aujourd'hui, les seuls consommateurs autorisés sont les cimentiers, sous couvert d'un arrêté préfectoral. On travaille à étendre les CSR à d'autres usages. Une papeterie, par exemple, n'a pas besoin de la même puissance calorifique », poursuit Cédric Desforges.
Aujourd'hui, transporter les déchets à Mérignac pour les rapporter à La Couronne n'est pas rentable pour les Bouchages Delage, ni satisfaisant d'un point de vue environnemental. Mais une solution locale émerge dans le territoire charentais. Sita Suez a installé un site « pilote » à Nersac, près de La Couronne. « C'est une voie intelligente, au même titre que la valorisation énergétique et l'enfouissement. On ne peut pas ne pas être présents sur ce marché. C'est aussi ce que nos clients attendent de nous », indique Gilles Gravereaux, directeur de l'agence Poitou-Charentes de Sita Sud-Ouest.

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