désenfumage : le livre qu’il nous fallait #tina

Publié le 09 octobre 2014 par Mister Gdec

À la lecture du livre, on ne peut que se demander pourquoi les économistes acceptent de dissocier à ce point leurs travaux du monde réel ?
Depuis de nombreuses années, une bonne partie de l’économie néoclassique nous parle d’un monde qui serait peuplé de gentlemen anticipant parfaitement l’évolution des marchés  à tout instant. Dans un tel univers, la politique a évidemment perdu toute pertinence : tout ce qu’elle peut inventer a toujours déjà été anticipé par « les marchés ». Elle en est alors réduite à la tentative vaine, désespérée de prendre les marchés « par surprise », par ruse ou  par mensonge. Cette idée, issue du monde néoclassique, est profondément anti-démocratique puisqu’elle revient à nier toute légitimité à la volonté populaire. Elle a néanmoins fini par se répandre dans les salles de marchés, les couloirs de la haute fonction publique et jusque dans les états-majors des partis politiques !

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Pourquoi tant d’économistes continuent-ils à croire à ces contes de fées ?
On pourrait aussi se demander : pourquoi tant de gens ont cru, pendant des siècles, que le soleil tournait autour de la Terre ? Pourquoi tant d’intellectuels russes ont-ils accepté les mensonges de l’Union soviétique ? Pourquoi tant d’Allemands ont-ils applaudi aux mises en scène dérisoires du Troisième Reich, dans un pays qui a mis au monde Bach, Kant et Schiller ? C’est un mystère… dont Hannah Arendt s’est peut-être approchée en évoquant la « banalité du mal ». Certaines structures institutionnelles, sociales, conduisent celles et ceux qui n’ont pas le courage de les remettre en cause à dire ou à faire des bêtises.

Pendant ce temps, l’urgence climatique n’est toujours pas prise au sérieux par la plupart des économistes néoclassiques, convaincus que les prix de marché finiront tôt ou tard, et forcément « à temps », par donner le bon signal pour que l’humanité consente enfin à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Pendant ce temps, nous continuons de détruire la société grecque au motif qu’elle aura le droit de renoncer à payer des dettes (qu’elle ne pourra, de toutes façons, jamais rembourser) le jour où elle sera devenue « compétitive ».

La question, pour moi, n’est donc plus tant : comment avons-nous fait pour en arriver là ? Mais : qu’attendons-nous pour passer sur l’autre rive ?

source : Médiapart, entretien entre Gaël Giraud et Steve Keen : « Keen nous sort de l’ornière »

(Merci à Mag sur twitter pour le partage de l’article en intégralité. Sans elle, rien n’aurait té possible…)

Voilà ce que j’attendais, bien davantage que le mièvre Piketty. Tant pis, je mangerai des pâtes pendant une semaine. Je cours acheter le livre. Il me semble qu’en effet, à la lecture de cet entretien, notre monde a besoin de ce discours et de cette analyse. Besoin de savoir et de me voir confirmer – comme ma famille politique le soutient – qu’en matière économique aussi, un autre monde est possible, pour sortir de l’ornière dans laquelle nous sommes, et échapper au désespoir et à l’absence d’avenir promis par les tenants de Tina qui nous gouvernent. ça vaut mieux que de se précipiter dans le complotisme et le confusionnisme à la Chouard, Briquemont, Asselineau et tutti quanti, non ? Et c’est d’un tout autre niveau…

Retour ici quand je l’aurai lu. je vous donne rendez-vous et on en débat.