Tant que l'on fait partie de la machine, que l'on en est un élément, on ne se pose pas trop de questions. On avance en bon petit soldat, voire ravi d'étaler une pseudo réussite. Et puis un jour, cette machine vous recrache, vous vire de l'organigramme. C'est ce qui arrive à Antoine. Cadre dans une entreprise de désinsectisation. A partir de là, on assiste à une rapide descente aux enfers habilement décrite. Plus de statut social, un appart à rembourser, des " amis " aux abonnés absents et une compagne, Mélanie, qui a honte. Tour à tour, Antoine et Mélanie vont se livrer aux réflexions que leur inspire cette nouvelle situation. Fatalement, on assiste à de grosses remises en question. Des sentiments qu'on avait gentiment glissé sous le tapis pendant des années refont surface et viennent vous éclater au visage. Une prise de conscience difficile et angoissante. Un face à face avec soi pas forcément très glorieux. Et une peinture ultra réaliste des dérives d'une société lobotomisante. Avec son second roman très réussi, la talentueuse Jennifer Murzeau dresse un portrait intelligent et sans concession d'une société où rester debout devient une gageure. Le ton, le choix des mots, tout est juste, puisé au tonneau de la vraie vie.
Pratique.
« Il bouge encore » de Jennifer Murzeau, paru en 2014, aux éditions Robert Laffont.
Toutes les chroniques d'Anne Bersac sont sur nordbretagne.fr mais aussi sur son blog, http://abcdlivres.blog4ever.com