Dans le cadre de ma délégation aux relations internationales et à la solidarité j'explore des pistes jusque alors peu ou prou empruntées et que je souhaite partager. Tout cela est encore du off, c'est à dire non imputable à une quelconque réflexion municipale. Mais s'il est un combat de solidarité qui mérite une implication d'envergure et de sensibilisation particulière c'est bien celui des Haratines en Mauritanie et tout naturellement pour une ville comme la notre engagée dans le droit des femmes celui de l'égalité de genre pour les Haratines. Je vais ouvrir une fenêtre sur un drame presque institutionnel, fleurant bon le religieux discriminatoire et le racisme. Je vous invite à lire les lignes suivantes avec attention. En effet imaginez que votre corps ne vous appartient pas. Il appartient à votre maître. C'est le sien qu'il achète et vend à son gré. Vous faites un travail éreintant pour lequel vous n'êtes pas payé. On vous interdit d'avoir une éducation, d'épouser la personne de votre choix. Vous êtes battu. Et, probablement le pire de tout, vous savez qu'à moins que quelqu'un ne fasse quelque chose, vos enfants subiront les mêmes atteintes à la dignité humaine.
Vous êtes un esclave. Vous vivez ce que les Nations Unies appellent une mort sociale.
La Mauritanie en Afrique du Nord a le système d'esclavage le mieux établi au monde. Officiellement, la Mauritanie dit que cette pratique n'existe plus. L'expérience de nombreuses ONG affirme pourtant le contraire.
L'une d'entre elles Minority Right Group international travaillera durant les trois prochaines années, avec des femmes de la communauté Haratine appelée aussi "caste des esclaves" en Mauritanie afin de leur permettre de s'émanciper et d'apporter un changement durable dans leur vie, celle de leur famille et de leur communauté.
Les Objectifs du programmée table par MRG sont d'accroître la visibilité des femmes Haratines dans leur propre communauté, la société mauritanienne dans son ensemble et sur le plan international ainsi que d'assurer que des initiatives durables soient mises en œuvre afin d'aborder les problèmes auxquels elles font face.
L'objectif spécifique est d'accroître la participation effective des femmes Haratines et des organisations de la société civile travaillant pour les Haratines dans les processus de décision locaux, régionaux et nationaux.
Ce programme aidera à établir des organisations de la société civile représentant les femmes Haratines et à renforcer leur capacité à mieux plaider pour la mise en œuvre des instruments des droits de l'homme par le gouvernement Mauritanien.
Les Haratines en Mauritanie sont systématiquement privés de leur respect, dignité et droits et sont opprimés par un système historique d'esclavage. Les Haratines ou les Maures noirs, comprennent entre 30 et 40 pour cent de la population en Mauritanie. Ils sont la communauté la plus marginalisée du pays et souffrent de discrimination et d'exclusion en raison de leur appartenance historique à la caste des esclaves. Malgré l'abolition officielle de l'esclavage en 1981, on estime qu'aujourd'hui, 18% de la population Mauritanienne vit encore en esclavage.
Les femmes Haratines font face à une discrimination double à la fois en tant que membre de la caste des esclaves et parce qu'elles sont des femmes. Elles subissent les menaces du mariage forcé et/ou des mineurs, un manque de contrôle de leur fertilité, des abus sexuels ou viols, et du trafic à des fins d'exploitation sexuelle ce qui augmente les risques de mauvaise santé maternelle et de contraction du VIH/SIDA. Qui elles marient et à quel âge est décidé par leur maître. Leurs enfants deviennent la propriété de leur maître et peuvent être loués, prêtés ou donnés comme cadeaux de mariage. Les femmes Haratines libres peuvent généralement seulement trouver du travail comme domestiques ou dans l'industrie du sexe. Les femmes Haratines souffrent de traitement dégradant et sont exclues des processus de prise de décision et des dialogues sur le développement qui ont pourtant un impact direct sur leur bien-être social.
Ce programme s'appuiera sur différentes activités et étapes d'action se répartissant ainsi:
• Enquête de référence sur la situation des femmes Haratines.
• Atelier de partage d'expérience et de connaissance entre les Organisations de la Société Civile travaillant pour les Haratines et les femmes Haratines.
• Bourses en renforcement des capacités organisationnelles.
• Création d'un réseau informel de femmes Haratines.
• Création de mécanismes de partage d'information pour informer la communauté dans son ensemble des développements en égalité de genre et droits des femmes.
• Formations pour sensibiliser les membres de la communauté Haratine, à la fois les femmes et les hommes, au problème de la discrimination de genre.
• Publication et dissémination d'un rapport sur le problème de la discrimination intersectionnelle affectant les femmes Haratines.
• Production et lancement d'un documentaire sur le problème de la discrimination intersectionelle affectant les femmes Haratines.
• Plaidoyer au niveau local, national et international.
Les partenaires de l'ONG pour ce travail seront l'Association des Femmes Chef de Famille (AFCF) qui est engagée à défendre les droits des femmes et à se battre pour l'émancipation des femmes en Mauritanie. L'AFCF met en œuvre des programmes de santé et de réduction de pauvreté. L'association est très active dans la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF). Et d'autre part: SOS-Esclaves qui mène depuis 14 ans la lutte contre l'esclavage en Mauritanie. Cette association cherche à exposer les réalités de la pratique, à remettre en cause sa très large acceptation et à défendre les droits de ceux qui cherchent à échapper à l'esclavage. Il cherche aussi à en finir avec la discrimination subie par les personnes qui descendent d'esclaves.
Ce programme est financé par l'Union Européenne. Ce contenu est la seule responsabilité de Minority Rights Group International et peut, en aucune circonstance, être considéré comme reflétant la position de l'Union Européenne.