Entre mes lignes il y a ces maux que je ne dévoile pas. Il y a ces rires et ces joies que je ne dis pas. Il y a cet arc-en-ciel fabuleux, hier après-midi, après des heures de déluge. Il y a les câlins, les histoires en plein milieu de la matinée sur le canapé, les cookies aux M&M’s improvisés pour le goûter. Les jouets ramassés, les piles de linge rangées, les chansons sous l’eau qui coule.
Entre mes lignes mes soucis, oh tout petits, mais quand-même. Entre mes mots, mes choix, mes idées, mes décisions, mes espérances, mes découragements, mes chutes, mes bleus, mes bosses, mes colères, mes impatiences, mes bonheurs, mes soulagements. Ma vie. Notre vie. Notre quotidien comme nous l’avons voulu, comme nous l’avons pu, et pourtant parfois ce n’est pas facile, parfois on rêve d’ailleurs et d’autrement. Comme tout le monde. Quand on a fini de rêver, on a fini de vivre, je crois.
Entre mes lignes tu crois me lire, mais tu ne sais rien. Comment pourrais-tu imaginer une vie entiüre dont tu De la chaleur des joues d’Ultime au petit matin, de l’odeur des cheveux magnifiques de la Pili-Pili, des yeux trop souvent océans de Moustache, de la Collégienne que-j’aime-tellement-moi-non-plus, de la barbe qui pique du Jules. Entre mes lignes, tu crois deviner ton propre reflet. Tu vois mon dos et tu imagines deviner mon visage.
Entre mes mots, tu t’appropries, tu te compares, tu sais mieux que moi, tu ferais mieux que moi, si tu étais moi. Mais tu ne l’es pas. Moi, j’adore l’idée de ne pas savoir plein de choses. Parce que ça me laisse de la marge d’émerveillement. J’adore l’idée d’avouer que je ne sais pas, parce ça m’évite de dire un certain nombre de bêtises. Parce que pendant que je ne dis rien, je t’écoute étaler tes certitudes. Parce que c’est le jeu.
Entre mes lignes, il y a juste ce que je veux bien te dire. Toutes les questions n’ont pas forcément de réponse – et encore moins une seule réponse.
People generally see what they look for, and hear what they listen for. Harper Lee, To Kill a Mockingbird