T'aime

Publié le 09 octobre 2014 par Olivier Walmacq

Un handicapé mental bat une fille qu'il aime après avoir vu sa soeur pratiquer des positions SM. Le psychologue de la fille a alors une idée de génie: confronter et faire tomber amoureux l'handicapé mental et sa victime...

La critique "à t'aime" de Borat

Attention rareté absolue dans le navet! Quasiment invisible des écrans! Quasiment jamais passé à la télé! Même pas disponible en DVD (tout du moins en dehors d'un coffret de dix films!)! Et français! De l'inédit pour ce blog déjà bien complet dans la bouse cinématographique. Je l'avais vu programmé une fois sur France 2 en deuxième voire troisième partie de soirée, mais c'est surtout Nanarland qui avait éclairé ma lanterne. Un camarade m'a alors dit qu'il l'avait trouvé (pour les courageux sur Youwatch) et quand je suis allé chez lui, il me l'a montré alors qu'on avait du temps libre entre les cours. On devait regarder dix minutes, on a tout regarder. Ce film c'est T'aime seul et unique film du génial amateur de fiesta Patrick Sébastien, flop monumental et uniquement disponible en VHS en dehors du streaming (pour ceux qui osent le diffuser!). Une merveille de navet que l'on pourrait qualifier par une phrase: "Patrick Sébastien parle de viol et maladie mentale!" Alors je tiens à préciser je n'ai absolument rien contre Patrick Sébastien, j'ai même une certaine tendresse pour le coco (même si je ne regarde pas ses émissions) étant quand même réputé pour mon côté beauf (et assumé à mes risques et périls) et je connais (malheureusement ou non) la plupart des refrains de ses chansons. Mais là désolé Patrick t'as vraiment sniffé de la colle! 

Déjà ton look ferait rire le premier de tes détracteurs, mais en plus ton film est quand même involontairement drôle et ce malgré la naïveté totalement assumée du film (je n'aime pas tirer sur l'ambulance, ou tout du moins pas sur ce genre de film). On se doute que le présentateur du Plus grand cabaret du monde et des Années bonheur est sincère dans sa démarche, mais franchement les bonnes intentions ne font pas toujours les bons films. En l'occurrence sur T'aime, cela en devient même une overdose mais pour cela revenons sur les éléments de départ. On a donc un handicapé mental qui adore les oiseaux (et le premier plan nous le montre en épouvantail comme le dévoile l'affiche, car les épouvantails ne font pas peur aux oiseaux mais les attirent) qui voit une fille à une fête. C'est alors qu'après la fête de quartier, il découvre sa soeur en train de coucher avec son compagnon avec la particularité d'adorer se faire taper dessus! Une séquence qui relève quand même de l'hilarité la plus totale, les coups étant surdimensionnés par rapport à la réalité (en gros ce ne sont plus des frappes avec la paume de la main, mais carrément du poing américain!) et on aurait préféré que cela dure moins longtemps surtout en comparaison de la scène du "viol". Bah oui c'est logique pour une jeune fille de se retrouver sur un chemin absolument noir, sans éclairage et surtout de ne pas se poser de question sur le fait qu'un handicapé mental la suit, lui-même n'ayant rien à foutre dehors à cette heure-là!

Mais bon, le mal est fait: comme il a vu sa soeur se faire défoncer la gueule pour le plaisir (de prendre le temps de temps en temps...), alors il se dit que sa femme d'un soir aimera cela. En gros il lui défonce la gueule! Avant cela, il faut aussi voir les répliques de fou concoctées par ce bon vieux Patrick. L'handicapé se fait insulté de tous les noms et certainement pas de la manière la plus sobre. Il demande une poupée, il se fait tout de suite remballé par le vendeur "Au moins celle-là elle ne te dira pas non!". Et paf! C'est vrai que le bonhomme a vraiment de besoin de cela, merci! Quand il danse avec la poupée, un autre gars encore plus sobre lui balance le subtil "Hé mec, quand tu vas la baiser, fais attention de ne pas l'étouffer!" Et paf combo dix-mille! Le meilleur vient certainement de ce moment où Myriam Boyer est raccompagnée dans un silence de mort avant que même pas à mi-chemin de la sortie, la fanfare redémarre alors que les bonhommes ne jouent même pas de leurs instruments! Une transition d'une subtilité jubilatoire et à se tordre de rire. Si la première partie est déjà savoureuse, vous n'imaginez même pas ce qu'il va vous arriver sur le coin de la figure. Jean-François Balmer incarne la pourriture capitaliste qui sert de père à la fille, Boyer la mère alcoolo et divorcée de la fille, Michel Duchaussoy le pote psychologue de Patrick, Annie Girardot en patiente ayant balancé son gosse par la fenêtre (pauvre Annie, décidemment ils t'auront tous laissé faire n'importe quoi...), Jean François Dérec (mais si le mec qui galérait avec des gosses pour garder ses petits Lu!) en surveillant salaud et évidemment voici débarquer ce bon vieux Patrick en psychologue ayant de très gros problèmes de couple, parlant tout seul sur sa moto (un cas clinique certains diront) et dont le crédo est "l'avenir de l'humanité c'est pas le valium c'est l'amour" (notez-la!).

J'ai déjà décrypté son look dégueulasse mais alors pour le rôle, c'est jubilatoire au possible. Déjà qu'on le sent parfois très/trop proche de sa patiente (faut voir ce plan où il est allongé à ses côtés alors qu'elle a un décolleté bien visible ou celui où il est en ombre chinoise et lui balance des fleurs!), mais alors la confronter à son "violeur" (que l'on qualifiera davantage de "batteur") là on atteint des sommets de conneries jubilatoires! Imaginez un peu ce bon vieux Patrick qui joue les entre-metteurs, faisant tomber amoureux l'handicapé et la femme battue par ses soins! Totalement improbable d'autant que monter de cette manière, on se retrouve avec une romance express en hôpital psychiatrique. Ne cherchez pas à comprendre, vous êtes dans l'univers de T'aime d'autant que les séquences entre Balmer furax et Sébastien génial sont à se rouler par terre. Balmer se met à menacer Sébastien et là ça part en cacahuète: "Et toi je te crève! -Je vous crève! -Tu me menace?! -Je vous menace pas, je rectifie. On se vouvoie non? Je vous crève!" Mais encore plus sobre, l'ami Balmer dézingue Sébastien en deux secondes: "Vous vous prenez pour le Christ, vous êtes trop gras!" Et paf combo triple! Mais surtout on part très souvent dans le nawak comme avec ce passage où Boyer recouche avec Balmer (comme quoi même les divorcés se réconcilient par le sexe!), le passage délirant des tartines ou ce voyage au XIXème totalement ahurissant! A cela rajoutez une réalisation fade au possible, des acteurs qui se sont donnés le mot pour être ridicules ou cabottins, une chanson de Patrick Fiory (tout est dit) et un final où une balle à l'arcane sourciliaire vous tue! Parfois il ne faut pas chercher à comprendre!

Un baptème du feu délirant et terriblement nanar de Patrick Sébastien! Certains y verront un navet complètement repoussant, d'autres un subtil nanar où les situations et répliques fusent dans le rire. Je suis un peu des deux. 

Note

Note naveteuse: 17/20


T'AIME par teneox