Voici un nouveau gyokuro traditionnel de Yame (arbres non taillés, cueillette manuelle, etc), de Hoshino plus exactement. Comme le Yabukita de Hoshino, il s'agit encore d'un thé de M. Takaki. Et, plaisir immense, il s'agit du cultivar Yamakai.
Il me semble que j'avais déjà noté cela à propos d'un autre très grand cru de Yamakai, le sencha de M. Tsukiji (Tamakawa), mais je trouve un parfum très prenant de framboise qui domine les arômes plus propres au gyokuro d'umami et de "vert". Cet étonnante senteur de framboise, ou plutôt de coulis de framboise me semble être le fruit d'une maturation, peu ou pas présent au moment du shincha.
Ces feuilles sont très fines, délicates, et les brisures sont relativement nombreuses.
La première infusion dure 1 minute 30, avec 5 grammes de feuilles, 40ml d'eau bien tiède (50°C environ), et sans couvercle.
Un parfum très doux avec une impression à la fois sucrée et très fraîche caractérise les quelques gouttes obtenues.
C'est plutôt en bouche que l'on retrouve les notes de framboises, qui se développent sur le palais après une première attaque très douce, sucrée et doublée d'un dimension légèrement astringente qui donne du punch et de la profondeur à la première infusion, forcement très dense de ce gyokuro.
L'after-taste est intense. L'umami vert du gyokuro, sur une texture qui rappelle les fruits rouges. Malgré la présence d'une sorte d’astringence sur la première attaque, il est évident que ce thé n'a absolument rien de tannique, c'est un velours intense et profond.
40 secondes, eau un peu plus chaude, toujours sans couvercle pour la deuxième infusion, parfum plus ténu, mais première attaque toujours très puissante en bouche. Un petit coup de point très stimulant, qui est suivi de suite par une vague de framboise, plus forte nette encore, puis une deuxième vague de douceur qui s'y superpose sans l'effacer. Ce tout constitue un arrière-goût profond.
Je laisse une minute, avec le couvercle cette fois, la troisième infusion, plus chaude encore.
Réveil du parfum qui, avec de la subtilité, apporte au nez des impressions de fruits rouges.
En bouche, ce gyokuro donne maintenant une dégustation moins stratifiée, avec une liqueur toujours dense et complexe, mais où légère astringence et douceur trouvent un équilibre très intéressant, où la phase fruitée s’atténue.
Cet équilibre marque aussi l'after, absolument pas tannique, et où la douceur fait saliver, et les pointes d'astringences discrètes apportent une sensation rafraîchissante.
Il me semble trouver cette fois bien plus de longueur que dans les deux premières infusions.
Plus chaude encore, la quatrième infusion continue à donner dans la force, mais cette fois-ci l'astringence se fait très nette, pas désagréable, mais tranchante. Un reste de fruit rouge continue à se développer doucement en bouche, et la douceur de l'after arrive plus à retardement, accompagnée de notes vertes d'herbe fraîche, arôme jusqu'à présent imperceptible. Il est possible que pour cette infusion relativement chaude utiliser un peu pus d'eau, 50 ou 60 ml au lieu de 40ml pourrait être une bonne chose.
Même avec des paramètres musclés, mais normaux pour du gyokuro, ce Yamakai de M. Takaki se montre tout à fait docile, facile à boire, sans excès d'umami, avec beaucoup de complexité et de profondeur dans les arômes.
Peut être manque-t-il un peu de corps et de longueur sur les 2 premières infusions, mais les deux suivantes rattrapent largement le coup, toujours excellentes là où nombre de gyokuro déçoivent.