Gone Girl, le nouveau film de David Fincher, est une adaptation du roman de Gillian Flynn, Les Apparences. Voici la chronique que j'ai mis en ligne lors de sa sortie en 2012 aux éditions Sonatine :
Méfiez-vous des Apparences dans ce nouveau thriller particulièrement diabolique signé Gillian Flynn.
Troisième roman de la romancière américaine, troisième claque. Avec les Apparences, Gillian Flynn ballade son lecteur dans un exercice de style particulièrement jouissif. Si celle-ci semble au premier abord s'éloigner de son univers de prédilection, c'est pour mieux y replonger dans une seconde partie détonante et particulièrement inquiétante. La dernière fois que j'ai ressenti un tel malaise, c'était devant l'angoissant film de Jaume Balaguero, Malveillance.
La romancière américaine aime surprendre ses lecteurs et elle le fait d'une bien belle manière. Le titre du livre en français accompagne chacune des phases importantes de l'histoire et prend alors une toute autre dimension dans les ultimes pages.
Gillian Flynn alterne la narration avec deux points de vues : celui de Nick, mari éploré et celui de sa femme, Amy, qui raconte son histoire via un journal intime, de sa rencontre avec Nick jusqu'au jour de sa disparition. La première partie alterne avec le présent et le passé. Jusqu'au moment où Nick découvre un terrifiant 'présent' qui devient cadeau empoisonné. Découverte qui fait basculer l'intrigue lors de la conclusion de la chasse au trésor annuelle organisée par cette dernière pour leur cinq ans de mariage, juste avant qu'elle ne s'évanouisse brutalement dans la nature.
Les apparences sont donc contre Nick qui devient alors le suspect numéro un de la disparition de sa femme pour les enquêteurs et des médias. L'étonnante vérité va lui faire prendre conscience qu'il a à faire à un adversaire redoutable et insoupçonné. Pour découvrir ce qu'est devenu sa femme, il va signer un pacte avec le diable...
Ces Apparences représentent les deux facettes d'une même pièce. Quand l'une des faces est exposée à la lumière, l'autre œuvre toujours dans l'ombre. Et quand l'histoire prend son rythme de croisière, la pièce tournoie sur son côté tranchant sous l'impulsion de la romancière, scintille en captant des raies de lumière, chute et expose son incroyable vérité.
La fin m'a littéralement estomaqué. C'est une conclusion coup de poing un peu frustrante et très pessimiste, mais c'est là la marque de fabrique de l'univers de Gillian Flynn. Comme dans ses autres romans, elle donne à l'espoir un goût acide qui brûle la gorge et nous plonge au fil des pages dans un oppressant pessimisme savamment orchestré. On ressent ce mal de manière viscéral, bien après avoir tourné la dernière page, qui nous abandonne à notre sort.
Si vous avez aimé Robe de marié et Alex de Pierre Lemaitre, si vous attendez d'un livre qu'il vous transporte et vous surprenne, alors ce troisième rendez-vous de Gillian Flynn avec ses lecteurs français est à ne pas rater.
Frédéric Fontès, www.4decouv.com