C’est un nouvel éclairage sur le rôle essentiel des bactéries intestinales et du microbiote sur nos comportements et troubles alimentaires. Ici, une protéine en particulier, produite par certaines bactéries dont E. coli, la protéine ClpB est mise à l’index pour sa responsabilité dans le développement des troubles du comportement alimentaire (TCA) tels que l’anorexie mentale, la boulimie, l’hyperphagie. Une protéine –ou ses bactéries productrices- qui pourraient être les cibles de nouveaux traitements contre ces TCA et indirectement contre l’obésité.
On ne compte plus les études documentant le rôle du microbiote intestinal et de certaines espèces bactériennes humaines sur le poids corporel, l’accumulation de graisse et plus globalement la santé métabolique. Mais cette étude va plus loin, en impliquant indirectement certaines espèces bactériennes dans le comportement alimentaire.
L’intérêt est don à double titre, si l’on prend en compte la prévalence croissante des TCA, qui touchent aujourd’hui près de 10% de la population générale et l’effet principal de 2 de ces troubles, la boulimie et l’hyperphagie, soit l’épidémie croissante d’obésité. Il est donc clair que pouvoir bloquer les mécanismes biologiques impliqués dans ces comportements alimentaires, présente des implications de poids.
Une protéine « analogue » de l’hormone de satiété : L’équipe de Sergueï Fetissov, Inserm- Université de Rouen « Nutrition, l’inflammation et le dysfonctionnement de l’axe intestin-cerveau » démontre ici l’implication d’une protéine produite par certaines bactéries intestinales dans l’origine de ces troubles. Les anticorps produits par le corps contre cette protéine réagissent également avec l’hormone de satiété principale. Comment ? La protéine ClpB, produites par certaines bactéries intestinales, dont Escherichia coli, s’avère être un « imitateur » de l’hormone de la satiété, la mélanotropine. Les anticorps produits en réponse à cette hormone vont se lier à l’hormone de satiété et favoriser (anorexie) ou bloquer (boulimie ou hyperphagie) l’atteinte de la sensation de satiété.
La démonstration : Lorsque les chercheurs modifient la composition de la flore intestinale de souris en favorisant la production de protéine ClpB via E. coli, les taux d’anticorps et leur prise alimentaire sont modifiées, suggérant l’implication de la protéine bactérienne dans la régulation de l’appétit. De plus, chez les patients atteints de TCA, les taux plasmatiques d’anticorps anti-mélanotropine et de ClpB sont plus élevés. En outre, leur réponse immunitaire détermine le développement de troubles de l’alimentation dans la direction de l’anorexie ou la boulimie.
Des résultats qui identifient de nouvelles cibles et ouvrent de nouvelles perspectives pour le diagnostic et le traitement spécifique des troubles de l’alimentation. Les chercheurs travaillent en particulier à l’élaboration d’un test sanguin basé sur la détection des protéines bactériennes productrices de ClpB afin de développer des traitements spécifiques et individualisés pour les troubles de l’alimentation.
Il s’agira ainsi de corriger l’action de la protéine pour éviter la dérégulation de la prise alimentaire.
Source: Translational Psychiatry 7 October 2014 doi:10.1038/tp.2014.98 Bacterial ClpB heat-shock protein, an antigen-mimetic of the anorexigenic peptide α-MSH, at the origin of eating disorderset Communiqué Inserm Anorexie / boulimie : une protéine bactérienne mise en cause (Vignette NIH)
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