La transplantation du microbiote fécal, au départ (dans les années 50) considérée comme un traitement révolutionnaire, est aujourd‘hui documentée comme un traitement sûr et très efficace pour l’infection à Clostridium difficile (C. difficile). Pourtant, le recours à la thérapie reste aujourd’hui modeste, sans doute aussi en raison de réticences des patients. Présenté à l’European Gastroenterology Week 2014 (Vienne), cet examen de la littérature plaide pour un recours élargi à la thérapie, dans un contexte d’émergence des antibiorésistances.
Les bénéfices de la transplantation du microbiote fécal qui consiste en l’introduction, souvent par coloscopie ou lavement, des selles d’un donneur sain dans le tube digestif d’un receveur souffrant d’une infection intestinale avec la bactérie Clostridium difficile, ont déjà été documentés par plusieurs études. La pratique est déjà courante aux Etats-Unis où plus de 500.000 transplantations fécales sont opérées chaque année, et, alors que 40% des patients souffrent de récidive après un traitement antibiotique standard, ce traitement permet la récupération complète de la fonction intestinale chez 90% des patients. En Europe, la thérapie est maintenant recommandée par les directives européennes de traitement. En France, l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a encadré la pratique afin de garantir la sécurité des patients concernés.
Efficace à 90% : Selon l’auteur principal, le Pr Gasbarrini de l’Université Gemeli (Rome), la thérapie devrait être utilisée encore plus largement en traitement des maladies associées au microbiote intestinal. Son premier défi reste l’infection à C. difficile : La transplantation du microbiote fécal permet d’éliminer les bactéries dans 90% des cas avec un bon profil de sécurité. Une prouesse déjà, face au défi que représente cette infection nosocomiale, la cause la plus fréquente de diarrhée nosocomiale, associée de plus à une morbidité et une mortalité importantes chez les patients hospitalisés. Une infection en progression en Europe, avec l’émergence de nouvelles souches résistantes et une sensibilité accrue chez les individus non hospitalisés (infection s communautaires). Aujourd’hui, environ un patient sur 5 traités par antibiotique connait une récidive de l’infection. La récurrence chronique de l’infection est elle-aussi de plus en plus fréquente. Elle va nécessiter un traitement antibiotique au long court avec tous ses effets collatéraux, destruction du microbiote intestinal et risque de complications graves (septicémie, perforation de l’intestin). La transplantation du microbiote fécal, en revanche, présente, selon les études, de bonnes données de sécurité.
Une transplantation sans exigence de compatibilité entre donneur et receveur : Pas besoin d’immunosuppression après la transplantation, ajoute l’auteur, la technique devrait être utilisée plus largement pour réduire le fardeau lié à cette infection et ses résistances émergentes.
Source: UEG Week 2014 Fecal microbiota transplantation recommended for treatment of C. difficile (Visuel NIH)
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