Pascale, professeur au Pérou
Pascale Nycz, 27 ans est Montréalaise. Je l’ai rencontrée lors d’une soirée arrosée au Help!, à Barranco. Une rencontre faite par hasard, alors que sa coloc parlait avec mon coloc, et qui aura débouché en amitié pour nous, en un grand rien pour eux.
Il faut bien avouer que des Québécois qui habitent à Lima, il n’y en a pas des masses. Des Français, bien plus.
Je suis déjà contente de parler français quand je peux, ça détend mon cerveau engourdi, ça m’émeut même parfois. Mais quand –en plus- j’ai l’occasion d’avoir un interlocuteur qui comprend mon éventail d’expressions que je chéris tant et mon accent, là, c’est carnaval. Mes neurones s’excitent autant que si je les avais « boostées » au chocolat et je deviens un peu hyperactive. Étrangement, quand je parle avec un(e) Québécois(e) à Lima, mon accent devient encore plus prononcé qu’à Montréal. Je soupçonne mes cordes vocales de vouloir prendre leur revanche alors que je les force à parler constamment en espagnol, parfois en anglais ou encore en français « interrrrnational ».
Bref, comme au Québec nous sommes de grands amateurs de bières de microbrasserie – il faut dire qu’on en a beaucoup et d’excellentes en plus- une visite au Barranco Beer Company (Av. Grau 308, Barranco) s’imposait pour discuter de son expérience d’expatriée.
Voici notre échange, en espérant qu’il soit utile et inspirant pour tous ceux qui désirent venir s’installer au Pérou:
Depuis quand es-tu ici et pourquoi?
Ça fait 8 mois, mais c’est mon 3e voyage au Pérou en 1 an. Je suis arrivée la première fois en mai 2013 car une amie voulait passer 1 mois à Huaraz. Ça a été le coup de foudre : se réveiller le matin avec la vue sur le Huascaran, les montagnes, l’air frais. Je suis tombée en amour avec les Andes, c’est un vrai paradis pour la fan d’escalade que je suis.
Ensuite, je suis venue une 2e fois en octobre pour 2 semaines car j’avais besoin de décompresser après avoir écrit un article sur l’agriculture urbaine. En plus, je voulais revoir les gens que j’avais connus et savoir si j’aimais assez Lima pour y vivre pendant un certain temps.
La 3e fois, j’ai rencontré un gars par hasard qui m’a dit qu’ils cherchaient quelqu’un à son travail. J’ai fini par avoir une entrevue Skype qui s’est suivi d’une attente de 2 mois pour la confirmation que j’avais obtenu le poste.
Où travailles-tu?
Je travaille au Markham College, une école britannico-péruvienne, considérée comme la meilleure de Lima. J’y travaille en tant que « Gap Teacher », je suis assistante professeure. J’acquiers une expérience d’enseignante en donnant des cours de français et de géographie. Je fais surtout de la préparation de cours, mais je donne aussi quelques cours. Personnellement, j’ai eu une période d’environ 6 semaines d’adaptation pour comprendre mon utilité, assumer que j’étais professeur, que j’avais une autorité, car c’était la première fois que ça m’arrivait.
Ce qui est génial avec cette école, c’est qu’elle inclut des activités et des sorties dans le cursus scolaire pour permettre aux jeunes de se dégourdir, de se responsabiliser : cuisiner, monter une tente, faire du rafting, de l’escalade, du vélo de montagne, aller à l’école d’une communauté. Le but est qu’ils surpassent leur peur, hors de la zone de confort avec leurs parents. Ce n’est pas grave s’ils n’aiment pas l’activité en soi, au moins ils l’essaient et c’est ça le but.
Est-ce facile de trouver un travail?
Pas vraiment. D’abord, il faut être qualifié, mais ici, c’est vraiment une question de contacts: le mieux c’est de venir avant et espérer rencontrer les bonnes personnes. Dans mon cas, j’ai vraiment eu de la chance!
Doit–on savoir parler couramment espagnol pour travailler?
Ça dépend bien sûr où tu travailles. Personnellement, je me débrouille bien en espagnol à force de pratiquer, mais dans mon école, plusieurs ne parlent malheureusement qu’en anglais. En tant que professeur, il est possible de trouver un travail dans un collège privé sans maitriser la langue, mais c’est définitivement un très grand atout.
Comment vont les relations de travail?
Ça va bien, encore mieux quand tes collègues péruviens savent que tu parles espagnol, là ils sont vraiment contents. Plusieurs soirées de « rapprochement » sont organisées par le travail, ça aide. Par contre, rien n’est dit directement, tu ne sais pas ce que tu fais de mal jusqu’à ce que tu finisses par le savoir par quelqu’un d’autre. C’est culturel j’imagine.
Et côté permis de travail, comment ça fonctionne?
C’est ton travail qui s’occupe de ta demande. Tu dois donc avoir un contrat avec eux pour demander le permis.
Tu dois commencer par un permis vacances, qui dure jusqu’à 120 jours, et lorsque tu dépasses, ce sont des frais de 1$/jours, ce qui n’est pas grand-chose. Le mieux pour renouveler ton permis, c’est bien sûr de sortir du pays et de revenir, c’est une bonne excuse pour voyager dans un pays voisin et ce n’est pas le choix qui manque!
Qu’aimes-tu le plus du Pérou?
D’un côté, la culture du théâtre est incroyable à Lima. Il y a tout le temps des pièces de théâtre ou d’autres activités culturelles, on ne s’ennuie jamais. Mais aussi, les montagnes, la sierra. J’irais chaque semaine si je pouvais.
Je dirais que mes endroits préférés sont…
À Lima : Barranco, car c’est le quartier bohême. On a l’impression d’être dans un village avec des artistes émergents et des cafés sympathiques comme la Bodega Verde, mon endroit fétiche pour travailler. J’aime également beaucoup Pueblo Libre, c’est un secteur universitaire rempli de jeunes, de familles, avec des maisons colorées et des parcs. On n’a pas l’impression d’être à Lima!
Ailleurs : Huaraz car c’est l’endroit de rêve pour les amateurs de plein air comme moi. Ensuite, le désert et Paracas car c’est complètement différent comme paysage, c’est un autre monde.
Qu’aimes-tu le moins?
Définitivement le trafic et la pollution en général.
Qu’est ce qui te manque le plus du Québec?
Honnêtement, rien. J’ai ramené mon kit d’escalade de Montréal, ça veut donc dire que je compte rester un moment.
Pour terminer, quels sont les conseils que tu donnerais à quelqu’un qui veut tenter sa chance au Pérou?
-Se trouver un stage ou au moins vraiment avoir une idée de ce qu’il veut faire
-Se faire le plus de contacts possible, il ne faut pas hésiter à aller vers les gens
-Prendre des cours d’espagnol
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