Certains jours sont comme ça. Pas la peine de vous accrocher à vos plans, ils ne se réaliseront pas comme prévu. Mieux vaut alors se faire une raison et ne pas trop s'inquiéter. Aujourd'hui, je voulais faire une étape de 44 kilomètres depuis Coimbra mais j'ai du me contenter de m'arrêter une dizaine de kilomètres avant l'endroit prévu. Rien de dramatique.
Hier, au sommet d'une des dernières des nombreuses collines que le nouveau tracé de cette Via Lusitania fait grimper pour rejoindre tranquillement et en dehors de la grosse circulation le centre de Coimbra, j'avais senti le vent plus fort, les nuages plus sombres, qui me prevenaient que l'automne, tout de même, allait peut être s'inviter sur mon parcours.
La pluie du soir, que j'ai déjà décrite, me le confirmait. Je la retrouve ce matin, en allant prendre mon petit déjeuner dans un café proche de l'hôtel. Cela n'annonce pas une très belle journée de marche. J'ai très mal dormi, sans trop savoir pourquoi, et je ne me sens pas non plus particulièrement d'attaque. Mais l'étape n'est pas très longue donc je ne suis pas trop inquiet.
Inquiet, je le suis davantage un instant plus tard en bouclant mon sac: j'ai de toute évidence oublier mon appareil photo reflex au restaurant hier soir. La décision qui s'impose est bien sûr d'attendre qu'il ouvre pour tenter de récupérer ce précieux appareil. Mon étourderie m'a déjà joué des tours mais je préfère perdre du temps et peut être une demi étape que de repartir sans tenter le coup.
L'établissement est bien sûr encore clos quand je descend. Un petit tour dans la ville plus tard, un peu d'attente et un second café et il ouvre ses portes. On m'y redonne avec gentillesse l'appareil oublié et je peux donc reprendre sereinement mon voyage.
Cependant, la mauvaise nuit et la fatigue se font sentir et comme il est déjà dix heures passées, je pense qu'il sera plus raisonnable de m'arrêter avant l'étape prévue.
Pour l'heure, je navigue dans les abords de la ville. La sortie n'est pas trop vilaine et je retrouve vite un bout de campagne. C'est une petite plaine, une vallée, qui semble assez humide et bien cultivée. Je retrouve ensuite quelques collines, moins élevées que celle de la veille.
Mon parcours sera beaucoup sur macadam aujourd'hui. Je traverse de nombreuses petites agglomérations. Mon pas n'est pas si mauvais, il se réveille un peu mais je ne me sens pas complètement motivé pour pousser jusqu'à Agueda.
La pluie m'accompagne avec discrétion. Elle est encore fine. Au vu des précisions, elle risque devenir une compagne plus envahissante ces prochains jours.
C'est vrai, je pourrai rêver meilleure compagne. Mais ma marche est solitaire, et dois se contenter de cette petite musique là. Une solitude qui permet aussi, sans doute, d'être plus ouvert au paysage, à la découverte. "I’m the man Who walks alone. .." c'est ainsi. Et d'autant plus que nous sommes hors saison. Pas un pèlerin à l'horizon, si ce n'est le petit groupe que je croise. Ils vont, comme le jeune américain à vélo rencontré la veille (qui était parti de Paris, beau périple), vers Fatima.
Je m'arrête dans un petit restaurant de bord de route où l'on me sert très gentiment et un bon déjeuner, pour six euros tout compris.
Ma marche est ensuite souvent abrité par de beaux eucalyptus. Je perds encore du temps la faute à un balisage très espace par endroit et à un panneau placé de telle sorte que l'on hésite entre deux directions. Il me faut explorer un peu pour que l'une soit confirmé car mon guide ne m'est d'aucun secours et je n'ai pas de trace gps. Le balisage est récent et diffère un peu des anciens tracés.
Décidément, je sens que je dois m'arrêter un peu plus tôt que prévu. J'ai encore quelques difficultés à trouver l'hôtel indiqué, cette fois à cause d'une petite erreur sur mon guide, et décide de rompre ma marche à , au pays du vin. Je celebrerai mieux demain la marche et la course, ce déplacement qui me fait me sentir exister. Et les joies du chemin, j'espère seront aussi au rendez vous.