libros voladores

Publié le 07 octobre 2014 par Pjjp44

".../...
Lecteur surpris au bord de lui-même,
tombé au fond de son visage, personne ne vient mais on est là, on y reste, mot à mot,
des mains nous palpent, nous caressent, on est entré dans le livre, 
celui qui lit désormais mange un peu de notre regard, il ne le sait pas,
le livre est toutes ces morts-là,
celle de celui qui écrit, celle de celui qui lit, toutes celles dont on ne sait rien et qui viennent encore,
page à page,
retournant l'humus des corps sur lui-même.
.../..."
illustration: source Toile

".../...
Les feuilles, les bruissements d'automne,
on a toujours froid en refermant le livre, un peu de notre chaleur est restée-là, mais où donc?
on ne sait rien de ce où-donc têtu, cette arme blanche, on ne sait rien mais à voix haute,
ou en chuchotant, c'est une longue marche, on se quitte, on se retrouve, on se perd de vue,
tu as vieilli, a-t-on envie de dire à l'autre, on ne le dit pas, on baisse les yeux.
.../..."

".../...
Lire c'est cette douce pluie inutile,
cette succion du silence ouvrant quelque chose de l'espace en deux,
quelque chose de l'instant, on le pose entre ses mains, sur ses genoux parfois, à plat ventre sur le lit, recroquevillé dans un fauteuil, debout accoudé à quelque part, on ajoute au texte son propre corps, son histoire, sa part animale, d'inconnu au fond.
.../..."
".../...
Les livres sont trop lents,
on le sait, on ne leur dit pas, plus lents que cette parole en soi, et pourtant
leur lenteur nous sauve, tout à coup nous fait du bien,
leur lenteur nous immerge, nous baigne, nous fait croire à un autre lieu,
un autre temps dans le temps, nous fait croire à croire,
à cet élan dans le rien, ce presque rien qui palpite et que nous ne sentions plus,
qui nous ouvre et nous baigne de larmes.
.../..."


".../...

Le livre est le gardien
de ça,
de notre vie,
de notre ressemblance, avec l'autre, avec les pierres et le vent,
comme un courant d'air dans notre vie, un rhume dont on ne guérira pas,
on est fou, on tousse, on crache, on parle tout seul, on se cogne, on titube
dans cette ampleur,
ce mouvement plus large.
.../.."


".../...
Il n'y a qu'un rapport miraculeux au livre,
voici pourquoi.

Un matin tu te lèves, tu tends la main. Un dos tombe entre tes doigts comme une pomme; Un rayon de lumière. Un fruit.

Tu n'en sais rien encore.
Tu l'ouvres au hasard.
La page qui tu lis exactement, dans la même seconde,
 ce que tu fus,
 ce que tu seras,
 ce que tu deviens.


Tout est la page blanche.

Car tout la révèle
.../..."
-Dominique Sampiero- extraits de: "Contes de la page claire"- Editions Alfil- La Maison des Ecritures-

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illustration source: Le Lieu Unique
-Théâtres en  utopie-
un parcours d'architectures visionnaires
du 11 octobre au 4 janvier
exposition-entrée libre-
Le lieu unique- Nantes-
  
  
 "Toi tu disais c´est pas toujours
Tu disais même c´est pas ici
Toi tu disais c´était la nuit
Tu disais même qu´il faisait jour
Toi tu disais c´est pas l´amour
Tu disais même c´est pas l´envie
Tu disais c´est une pause
Un tout petit détour où parfois chacun dépose
Ses souvenirs des belles choses
Ses souvenirs des belles choses
Ses souvenirs des belles choses
Toi tu disais c´est pour toujours
Puis tu disais c´est pour la nuit
Toi tu disais c´est un secret
Avoir le même c´est une idée
Toi tu disais c´est par amour
Puis tu disais c´est par ici
Tu disais je te propose
Un tout petit détour où parfois chacun dépose
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Toi tu disais c´est pas toujours
Tu disais même c´est pas ici
Tu disais c´est une pause
Tu disais je te propose
Un tout petit détour où parfois chacun dépose
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses
Se souvenir des belles choses "   

-Gaétan Roussel-