Critique Ciné : Horns, à bout de cornes

Publié le 07 octobre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Horns // De Alexandre Aja. Avec Daniel Radcliffe, Max Minghella et Joe Anderson.


Alexandre Aja (Piranha 3D, Mirrors, La colline a des yeux) est un réalisateur français expatrié aux Etats-Unis qui porte avec Horns un roman du même nom de Joe Hill, le fils de l’un de mes écrivains préférés, j’ai nommé Stephen King. Ce qu’il y a de merveilleux dans l’histoire de Horns, car c’est une histoire merveilleuse, c’est qu’elle mélange à la fois une sorte de métaphore, d’allégorie, à quelque chose de très moderne. On pourrait donc citer des oeuvres de Bryan Fuller en guise de références si l’on venait les pêcher dans les fictions. Ce dernier aurait même certainement été mieux judicieux (au moins au scénario) afin de rendre cet univers encore plus merveilleux. Mais c’est Keith Bunin (En Analyse) qui s’est collé au scénario et il en fait quelque chose d’assez intéressant même si le film n’est pas toujours totalement réussi. La première partie du film est la plus réussie, cherchant à la fois à créer de l’humour mais également à créer une vraie critique profonde de l’Amérique moderne, celle qui cache énormément de fantasmes, même les plus sombres. Ce qui est dommage par la suite c’est de voir que le scénario brise complètement tout ça afin de tomber dans quelque chose dramatiquement correct mais qui manque cruellement de brillance.

Soupçonné d’avoir assassiné sa fiancée, rejeté par tous ceux qu’il connaît, Ignatius a sombré dans le désespoir. Un matin, il se réveille avec une paire de cornes sur la tête. Celles-ci lui donnent un étrange pouvoir, celui de faire avouer leurs plus noirs secrets aux gens qu’il croise. Ignatius se lance alors à la recherche du véritable meurtrier…

Je pense que ce qui dessert totalement Horns ce sont les flashbacks. Ils sont bien trop longs et ne parviennent pas à nous convaincre. Les seuls flashs intéressants sont ceux que Ig, notre héros, va extirper de certains personnages en les agrippants violemment. Le but de Alexandre Aja était également de ne pas renier ses racines horrifiques. C’est pourquoi il nous prouve donc qu’il sait toujours s’y prendre de ce point de vue là sauf que même si l’horreur est présente, ce n’est malheureusement pas quelque chose qui parvient à faire réellement peur. Ce qui m’a fait bien plus peur c’est le fait que le scénario ne tienne pas jusqu’au bout du film. J’aurais aimé que l’histoire s’émancipe de certaines choses pompeuses et lourdes, au delà des flashbacks, ce sentiment de répétition constant de certains gags qui sont sympathiques une première fois mais peut-être pas une seconde. Du coup, la vraie ressource de Horns c’est avant tout Daniel Radcliffe (Harry Potter) qui est tout simplement parfait dans le rôle de ce garçon qui ne sait pas trop ce qui lui tombe (ou plutôt pousse) sur la tête. Il parvient à rendre assez crédible le fait que le fantastique s’invite dans le réel.

Sauf que le scénario n’est pas totalement réussi de ce point de vue là non plus. On a donc l’impression, dans la seconde partie du film, qu’ils veulent trop en faire et du coup, on ne croit plus du tout à l’histoire et l’on sort légèrement du film. Légèrement car le plaisir reste malgré tout bien présent. Notamment car Alexandre Aja sait comment jouer des codes du genre et donc nous délivrer quelque chose de bien plus inspiré. C’est donc dommage de voir que la dernière demi-heure complètement foirée du film puisse laisser une impression de non réussite. C’est dommage car je suis persuadé que Horns aurait très bien pu faire beaucoup plus. Finalement, malgré de belles séquences, un humour noir décapant à certains moments, le film se répète un peu trop dans sa seconde partie et devient donc un peu moins intéressant. Mais globalement, ne serait-ce que pour Daniel Radcliffe et ce que Alexandre Aja a tenté de faire visuellement avec son histoire, cela vaut le coup d’oeil (si vous n’avez pas forcément envie de voir un drame pur et dur mais quelque chose d’un peu plus amusant et allégorique).

Note : 6/10. En bref, on retiendra Daniel Radcliffe, l’ambiance musicale de Rob Zombie et une image soignée de la part d’Alexandre Aja.