L’organisation a reçu des informations crédibles selon lesquelles, samedi 27 septembre 2014, quatre militaires se sont rendus dans la banlieue de Suva, la capitale, où se situait la demeure d’un ancien enseignant de 60 ans. Ils auraient traîné l’homme dans une ruelle à proximité et l’auraient roué de coups. Plus tôt dans la journée, l’homme avait eu un vif échange de messages texte avec Frank Bainimarama. Il arguait que ses chansons avaient été utilisées sans autorisation au cours de la récente campagne électorale.
"Il est choquant qu’une personne risque la torture et d’autres mauvais traitements par des militaires pour le simple fait d’avoir envoyé des messages au Premier ministre. Cette affaire doit faire l’objet de toute urgence d’une enquête indépendante et les personnes soupçonnées d’être responsables de ces agissements devront être traduites en justice. L’enquête doit porter non seulement sur les auteurs de ces actes, mais aussi sur leurs commanditaires", a déclaré Kate Schuetze, chercheuse sur le Pacifique au sein d’Amnesty International.
L’homme roué de coups est toujours hospitalisé pour ses blessures.
Cette affaire intervient après la mort de Vilikesa Soko en garde à vue après son arrestation en août 2014. Vilikesa Soko avait été arrêté en lien avec une affaire de vol. Un rapport d’autopsie a montré qu’il avait subi de nombreuses violences. Quatre policiers ont été suspendus, mais personne à ce jour n’a été inculpé pour la mort de Vilikesa Soko.
Cette affaire fait également suite à la diffusion d’une vidéo en mars de l’an dernier. Cette vidéo montrait les forces de sécurité fidjiennes torturant un prisonnier, le frappant à coups de bâton et de matraque, tandis qu’un autre homme était traîné sur le sol par un chien. Lorsque cette vidéo est devenue publique, Frank Bainimarama aurait déclaré qu’il "soutenait ses hommes".
Cette allégation de torture et d’autres mauvais traitements par les forces de sécurité survient quelques semaines avant l’examen de la situation des droits humains du pays par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, le 29 octobre 2014.