Face aux nouvelles technologies, les sondeurs tentent de s’adapter. Un professeur de l’université de Columbia a essayé une nouvelle méthode basée sur la console Xbox.
Fini le temps où chacun avait un téléphone fixe chez lui. Les usages ont changé : désormais la majorité utilise un mobile et internet. Un casse-tête pour les sondeurs car le référencement des numéros n’est plus le même. Obtenir un échantillon représentatif devient donc ardu notamment en terme de localisation. Comment savoir dans quelle région vivent les sondés sur mobile avant de les appeler ? Cela rend le travail des sondeurs beaucoup plus compliqué. Et si pour leur part les sondages en ligne avec des répondants non sélectionnés explosent, ce type d’enquêtes reste peu fiable, les sondés étant rarement représentatifs d’une population donnée. Le besoin de trouver un nouveau procédé devient donc criant. Tâche à laquelle s’est attelé David Rothschild. Cet économiste de Microsoft avait déjà fait parlé de lui en prédisant les résultats des Oscars ou de l’Eurovision l’an passé grâce au Big data. Travaillant en parallèle avec Microsoft, il a eu l’idée de se baser sur la console Xbox.
La collecte de réponses via la “méthode Xbox”
Professeur d’économie et de statistiques à l’université de Columbia, David Rothschild s’est penché sur le problème pour les élections présidentielles américaines de 2012. Le point de départ de sa méthode est assez simple : il s’agit de proposer des sondages aux utilisateurs de la console sur sa plateforme. 350 000 personnes se sont prêtées au jeu délivrant plus de 750 000 réponses aux sondeurs. Tout le problème a donc consisté à compiler et à sélectionner ces données brutes. Le statisticien a ainsi réussi à rassembler les réponses afin d’obtenir des estimations de vote en fonction de différents critères : âge, sexe, niveau d’éducation, etc. En d’autres termes la sélection de l’échantillon représentatif se fait après la collecte des réponses. Au final, ses résultats sont extrêmement proches de ceux obtenus par les sondages traditionnels. La méthode est cependant moins chère et plus rapide que les traditionnels questionnaires par téléphone.
Quelles opportunités pour cette nouvelle technique de sondage ?
Reste que la communauté des analystes est loin d’être convaincue de l’efficacité du système de David Rothshild. Les utilisateurs de Xbox même post-selectionnés sont difficilement représentatifs d’une population dont une grande partie n’utilise pas de console de jeux. La marge d’erreur est donc plus grande que pour les enquêtes traditionnelles. Malgré ce défaut, que reconnaît David Rothshild, le statisticien prédit l’obsolescence rapide de la vieille méthode de sondage. Car son système de sondage en ligne possède un avantage décisif : il prend en temps réel le pouls d’une population. C’est un peu la même idée qui avait entraîné l’idée de sondage via les SMS aux États-Unis. Et les mêmes problèmes étaient survenus lors de la création de vidéos-sondages. Le monde des sondeurs est donc en pleine ébullition, tentant de trouver un nouveau modèle adapté aux usages changeants.