Rappelons le principe de l'événement « SG Connected Hack » : après 2 soirées de préparation – l'une consacrée à la production d'idée et la seconde à une formation technique – les participants étaient invités à passer un week-end entier à concevoir et réaliser des applications pour une sélection d'objets connectés (Google Glass, montre connectée Pebble, casque de réalité virtuelle Oculus Rift, bracelet de contrôle gestuel Myo, beacon d'Apple…). A la clé, 3 récompenses, pour un montant total de 10 000 euros, et une opportunité d'incubation.
Dès vendredi soir, il était évident que le succès serait au rendez-vous. Environ 200 personnes étaient en effet rassemblées, dont la plupart pour présenter leur idée ou se lancer dans la compétition. Au total, 48 projets étaient présentés à un auditoire attentif et passionné, avant la constitution des équipes (pour ceux – nombreux – qui ne s'étaient pas organisés au préalable). Après une remise de cadeaux (assez symboliques) aux concepts jugés les plus prometteurs, les choses sérieuses commençaient immédiatement : place au développement !
Avance rapide jusqu'à dimanche en fin d'après-midi, pour la séance de démonstrations et la désignation des lauréats. Après 2 journées intenses de travail, il restait tout de même 27 réalisations à découvrir (certaines idées ayant fusionné, d'autres ayant été abandonnées faute de convaincre suffisamment d'amateurs pour constituer une équipe…). Moment toujours étonnant dans ce type de manifestation, lorsqu'on découvre le nombre de projets ayant abouti à une application (plus ou moins) opérationnelle.
Il serait fastidieux de les lister toutes, aussi vais-je seulement m'arrêter sur celles qui ont été récompensées et quelques autres qui ont particulièrement attiré mon attention. Pour commencer, un prix « coup de cœur » (non prévu) a été décerné à une solution d'assistance au secours routier, sur Google Glass, permettant aux pompiers d'obtenir toutes les informations nécessaires sur un véhicule accidenté, après une simple reconnaissance de sa plaque d'immatriculation.
La proposition d'incubation, quant à elle, a été attribuée à un projet complet de gestion de l'accueil des clients en agence, WIB (Wearable Intelligent Banking), impliquant téléphone mobile, montre connectée, Google Glass et beacon. Dans le scénario présenté, un client prend un rendez-vous, qui lui est confirmé sur sa montre. Lorsqu'il arrive, le conseiller est alerté, dans ses lunettes, et il peut accéder à quelques informations essentielles sur son visiteur, puis découvrir les offres à lui proposer. En fin d'entretien, une nouvelle notification propose au client de donner son avis sur son interaction.
Le troisième prix est revenu à « ICare4U », petite application de détection de chute – notamment pour les personnes âgées – capable d'alerter les secours en cas de nécessité, sur la montre Pebble. Elle était précédée, à la deuxième place, de Ganymède, un étonnant système de recommandation (encore sur une montre !) de parcours « sain » dans la ville, calculé à partir des données d'un réseau de plantes connectées analysant la qualité de l'air (qui pourrait correspondre au réseau de GAB de Société Générale).
Le premier prix récompensait finalement « My SG Adviser », proposant, au fil d'une démonstration impeccable, un mécanisme de sécurisation de la saisie de code secret sur GAB, grâce à la génération d'un clavier virtuel à disposition aléatoire dans les Google Glass (à l'image de celui qui est maintenant classique sur les sites de banque en ligne). Une deuxième approche complétait la présentation, avec la préparation d'un retrait sur smartphone, exécuté par détection de la proximité du GAB (grâce à un beacon installé sur celui-ci) et une authentification réalisée en option via le lecteur Touch ID de l'iPhone.
Pour ma part, j'ai également aimé « BigLieux », outil de guidage des non-voyants par des vibrations sur leur montre, « Fluid », solution de navigation interactive dans des présentations (finis les diaporamas Powerpoint ennuyeux !), seule à avoir tenté d'exploiter les capacités du bracelet Myo, Ca$hCache, une approche ludique et immersive (grâce au casque Oculus Rift) de la découverte de l'offre Société Générale pour les étudiants (à déployer sur des salons ?), ou encore Sogechon, un assistant pédagogique de gestion de budget pour les enfants.
D'un point de vue général, il faut apprécier le réalisme des participants, dont beaucoup ont prodigué des efforts importants pour rendre leur solution intéressante aux yeux de représentants d'une institution financière (qui constituaient l'essentiel du jury). Même pour celles qui n'entraient pas directement dans le domaine de la banque ou de l'assurance, les argumentaires tentaient régulièrement de démontrer en quoi Société Générale pouvait se reconnaître et s'investir dans l'idée proposée.
En revanche, il peut paraître plus inquiétant de constater, à travers leurs concepts, la représentation qu'ont les jeunes de l'univers de la banque. Ceux qui ont choisi de cibler spécifiquement ses métiers se sont, pour la plupart, concentrés sur la sécurité dans l'utilisation des GABs et l'accueil en agence. N'auraient-ils donc aucune vision d'une future disparition des espèces ? Sont-ils tellement attachés au contact avec leur conseiller ? Plus grave, ne perçoivent-ils aucun rôle de la banque en dehors de ces lieux physiques ?
Il est vrai que les objets connectés sont plus propices à des applications en prise avec le monde réel. Mais il aurait pu tout de même émerger, par exemple, plus d'idées combinant services financiers et commerce de détail (surtout avec les beacons qui faisaient partie de la panoplie de technologies mise à leur disposition)… Autre hypothèse envisageable, espérons que ce « biais » soit en fait simplement dû à l'influence des mentors de Société Générale qui les accompagnaient tout au long du week-end…
Quel bilan tirer d'un tél événement ? Positif, évidemment. Il a d'abord permis de produire quelques idées originales dont il ne reste qu'à espérer qu'elles mûrissent et qu'elles débouchent sur des réalisations concrètes. Ensuite, pour les participants, l'expérience acquise leur sera naturellement utile, notamment dans une première approche de quelques contraintes d'entreprise (pour les plus jeunes d'entre eux), à travers les échanges qu'ils ont pu avoir avec des collaborateurs de la banque, et même si les conditions d'un hackathon sont très particulières.
Enfin, et surtout, il représente une opportunité unique pour les différents (et nombreux) intervenants de Société Générale (dont quelques responsables haut placés) d'appréhender une autre réalité de la révolution numérique et les possibilités qu'offrent des technologies que certains découvraient à cette occasion. Sans parler de la révélation d'un monde étrange dans lequel une application peut être développée en moins de 48 heures ! Si tout se passe bien, il devrait en rester des traces dans leur travail quotidien…