Still the Water // De Naomi Kawase. Avec Nijirô Murakami et Jun Yoshinaga.
Still the Water est une très bonne idée de départ, celle de nous dépeindre l’histoire des habitants de l’île d’Amami, un décor idyllique. Tout part de l’histoire d’un corps retrouvé flottant dans la mer, qui va forcément chambouler la vie de tous les personnages de ce film. C’est une chronique intelligente, belle mais je n’ai malheureusement pas réussi à percer ses secrets et ses mystères. Je n’ai donc pas été totalement convaincu par un film que j’attendais avec une certaine impatience. En effet, film en compétition à Cannes, il en avait émerveillé certains et c’est pourquoi j’avais envie de voir ce que ce film avait réellement à nous dire, ce qu’il cachait au spectateur. Une fois vu cette fable de deux heures, je ne retiens que certains moments, notamment celui de cette dame sur le point de quitter la vie qui demande qu’on lui chante une dernière fois sa chanson préférée. C’était certainement l’un des moments les plus bouleversants de ce film et l’un des rares moments qui ait réussi à réellement m’agripper et à m’attacher. Car je dois avouer que je suis globalement resté hermétique à ce que Naomi Kawase tente de me dire. Cela a beau être sensible, très sensuel et aérien, au fond l’histoire s’engouffre malheureusement dans une mélasse pas toujours très soignée.
Sur l¹île d'Amami, les habitants vivent en harmonie avec la nature, ils pensent qu'un dieu habite chaque arbre, chaque pierre et chaque plante. Un soir d'été, Kaito, découvre le corps d¹un homme flottant dans la mer, sa jeune amie Kyoko va l'aider à percer ce mystère. Ensemble, ils apprennent à devenir adulte et découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l'amour…
Still the Water c’est donc un film qui veut peut-être trop en faire dans la démonstration et pas assez dans l’histoire qu’il veut nous raconter. On sent pourtant que le film tente de parler de sujets assez universels, comme la transmission générationnelle par exemple qui est un très beau sujet qui fonctionne en plus de ça très très bien car Still the Water parvient justement à nous croiser les destins entre des personnages de générations totalement différentes. Naomi Kawase parvient donc à mettre tout cela en scène dans de somptueux décors. Ce n’est pas bien difficile, surtout quand elle ne cesse de faire dans la démonstration. C’est peut-être même pas suffisamment bon de ce point de vue là. Je suis un très grand adepte du cinéma de Terrence Malick, le contemplatif n’a pas de problème pour moi, mais au fond le film se perd dans sa seconde partie alors qu’il semble durer une éternité. Car le rythme gagné durant la première partie, ne parvient plus à captiver aussi bien l’attention du spectateur dans la seconde. Une seconde partie qui n’est tout simplement pas assez poignante, pas assez creusée. Comme si tout ce qui se passe de bon dans ce film se déroulait dans la première partie.
Ainsi, on se retrouve donc avec un film qui se vide au fil du film de sa vraie substance, de ce qui fait réellement son charme et son intérêt. Du coup, le spectateur se retrouve face à un film qu’il ne parvient pas à trouver suffisamment attachant et touchant et s’ennui donc fermement. J’ai eu la chance d’être bien reposé avant d’aller voir Still the Water, j’aurais probablement pris le temps de faire une petite sieste une fois passé la première heure du film si cela n’avait pas été le cas. Ce qui est dommage pour Naomi Kawase c’est que je n’ai pas retrouvé ce que j’avais beaucoup aimé dans Shara. Cette oeuvre était très belle (et c’est même la seule que j’ai pu voir de Naomi Kawase avant de me pencher sur le cas de Still the Water). La différence est là mais cette grande dame qui sait aussi manier le documentaire (elle en a réalisé une montagne) aurait peut-être dû laisser un peu de côté sa caméra d’exploratrice du monde afin de se concentrer sur son scénario qui manque malheureusement du fond dont il aurait dû être fait dès le départ. Parfois il ne faut finalement pas trop en attendre des films, on risque d’être déçus.
Note : 4.5/10. En bref, après une première partie réussie, sous couvert d’une contemplation maladive, Naomi Kawase se perd et ennuie.