Tour le monde connait la bataille de Hasting, où les francais ont ridiculisé Harold et les anglais, mais ce n’est pas ça qui va m’empêcher d’en parler. Je ne vois pas pourquoi je ne massacrerai pas ce grand moment de l’histoire anglaise aussi (la dernière fois que l’île a été envahie avec succès), après tout, pour une fois que les francais gagnent, il faut en profiter. Ça ne risque pas d’être le cas en rugby.
Cet événement grandiose est célébré comme il se doit tous les ans, par un reenactment, une reconstitution comme les anglais adorent en faire, exactement sur les lieux de la bataille. C’est à dire que ce n’est absolument pas à Hasting, riante ville balnéaire pour suicidaires (rien que l’aquarium rendrait alcoolique le plus forcené des buveurs d’eau) mais dans le village charmant de Battle. Je ne plaisante pas, le site supposé de la bataille, ainsi que les ruines splendides de l’abbaye que Guillaume a fait construire pour commémorer son triomphe ne sont pas à Hasting même, mais dans un bled à une dizaine de kilomètres, audacieusement baptisé Battle, et qui est adorable.
Les 11 et 12 octobre prochains, 400 figurants vont se battre comme des enragés, les saxons et leur roi Harold d’un côté contre les chevaliers normands de l’autre, pour le ravissement des touristes, comme en 1066. C’est organisé par English Heritage, qui ne rigole pas avec l’authenticité historique. Ils reconstituent la chose méthodiquement à partir de témoignages d’époque. Ils ont de la chance, la télé n’étant pas encore inventée en 1066, l’événement a quand même été audacieusement relayé à coup d’aiguilles, dans la célèbre bannière publicitaire de Bayeux, qui prouve bien qu’un Guillaume le conquérant en pleine santé vaut mieux qu’un Harold embroché sottement sur une flèche.
Cela dit, malgré tout son sérieux English Heritage a choisi de faire son reenactment le week end, alors que la bataille a eu lieu le 14 octobre. Et 400 figurants, c’est bien gentil, mais il y avait entre 5000 et 12000 participants de chaque côté (c’est quand même large comme fourchette, ça doit être 5000 selon la police et 12000 selon les manifestants). Je reviendrais sur l’histoire fascinante de Harold une autre fois (c’est désopilant, il y a des tas de noms saxons imprononçables), on va se concentrer sur la bataille, je sens que je peux aider English Heritage. Ce malheureux Harold était certainement très sympathique, mais pas vraiment aidé. Il n’avait qu’une armé d’infanterie, un ramassis de pèquenots plus ou moins armés et à peine fichus de tenir leur lance sans s’embrocher eux mêmes, et une poignée d’archets probablement myopes et unijambistes. Alors qu’en face, Guillaume disposait d’une armée de chevaliers ultra moderne, d’archers supersoniques et d’une aviation au top….euh, il faut que j’arrête de prendre des infos sur Wikipedia. Je crois qu’il y a un problème dans la vérification des sources. Je reprends.
Harold est un petit malin, qui décide de surprendre Guillaume à Hasting au petit dej (c’est très touristique. Il y a des tas d’hôtels avec English breakfast inclus dans le prix). Manque de chance, Guillaume est prévenu et c’est lui qui tombe sur l’armée saxonne, qui campaient un peu plus loin, dans un champs. D’où on voit les différences culturelles entre les deux, les français préférant le confort d’une auberge demi-pension pour leurs vacances pendant que les anglais restent sous la tente, même en plein mois d’octobre. Cela dit, ils passent quand même la journée entière à se taper dessus. C’est pas tout ça, mais il se fait tard, et ça n’avance pas cette petite affaire. Guillaume commence à perdre patience, on peut le comprendre. C’est amusant un moment de voir des chevaliers s’étriper, mais au bout de quelques heures, c’est lassant. Surtout que Guillaume a prévu de devenir roi sous le pseudo de William the Conqueror et a déjà commandé ses nouvelles cartes de visites….bref, ça se traine en longueur et Guillaume/William en a marre. Il décide de faire une bonne blague à Harold, pour détendre l’atmosphère (c’est fou comme l’ambiance peut être crispée lors d’une boucherie infâme bataille historique). Il fait sonner la retraite et son armée fait mine de reculer. Ahaha. C’était pour de rire. Mais Harold ne comprend rien a l’humour français, il croit avoir gagné, forcément, il se relâche, et hop, il se prend une flèche! Les normands reviennent au galop et finissent la partie, en massacrant ce qui restent de l’armée saxonne.
Guillaume se fait couronner à Noël, sous le nom de William, appellation qui restera parmi la liste des prénoms acceptables pour un rejeton royal par la suite. Bref, la bataille de Hasting, c’est une chance pour les tabloids anglais, William-and-Kate ça sonne mieux que Harold-and-Kate.
(Les photos de l’abbaye à Battle sont de Maricheri, par contre, celle du napperon brodé de la reine Mathilde vient de Wikipedia)