Il existe dans toutes les sociétés, celles d’aujourd’hui comme celles d’hier, des valeurs et des croyances qui en viennent à exercer un tel ascendant qu’elles s’imposent aux esprits. D’origine religieuse ou non, elles jouissent d’un statut qui leur permet d’échapper en grande partie à la contestation. Toute remise en question est perçue comme une profanation. Ainsi, qui voudrait rejeter les libertés civiles en Angleterre, l’égalité des citoyens en France, le droit de propriété aux États-Unis, ou bien l’égalité des races en Afrique du Sud, ou encore l’égalité homme-femme au Québec ? S’appuyant sur la raison, mais se nourrissant surtout d’émotion et de sacralité, ces valeurs sont devenues intouchables. Par quel chemin y sont-elles arrivées ?
En d’autres mots, comment naît un mythe ? Comment accède-t-il à la sacralité ? Comment se diffuse-t-il et assure-t-il sa reproduction ? Comment vient-il à décliner ? Quel rôle y jouent, d’un côté, les forces de l’inconscient et, de l’autre, les acteurs sociaux ? Et pourquoi ne porte-t-on pas davantage attention à ces représentations puissantes qui expriment les sentiments les plus profonds d’une société, qui nourrissent les identités, les idéologies, qui structurent les visions du passé et de l’avenir, qui inspirent les choix collectifs et balisent le débat public ?
L’auteur
Né au Saguenay en 1943, Gérard Bouchard vit aujourd’hui à Chicoutimi où il enseigne au Département des sciences humaines de l’Université du Québec à Chicoutimi. Entre août 2007 et janvier 2008, il a été coprésident, avec Charles Taylor, de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles, mandatée par le gouvernement du Québec.
Source : communiqué de presse.
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Gérard Bouchard
RAISON ET DÉRAISON DU MYTHE
AU CŒUR DES IMAGINAIRES COLLECTIFS
Boréal, Montréal, 2014, 232 pages