La critique de Claude :
Ce roman est construit autour d’une audience du Tribunal criminel de K., petite ville texane, consacrée au jugement d’une jeune professeure de maths, Deborah Aunus.
Elle est accusée d’avoir eu des relations sexuelles avec quatre de ses élèves de Terminale. Certes, ils sont majeurs, mais l’Etat du Texas punit les enseignants qui ont eu des relations avec leurs élèves, même si ces derniers sont majeurs.
Dans l’ambiance surchauffée de ce tribunal « Tea Party », avec un juge et une procureure démagogues et connivents, un avocat médiocre et uniquement préoccupé de sa propre réputation, une presse opportuniste, des « victimes » et témoins aussi lâches que peuvent l’être des garçons mal élevés, Debbie est condamnée d’avance.
Dans cette ambiance , même les soutiens naturels de l’accusée la laissent tomber.
Son choix d’invoquer le 5ème amendement à la Constitution, qui permet de ne pas témoigner contre soi-même, la réduit au silence, ce qui n’est pas sans rappeler l’Etranger d’Albert Camus, lui aussi condamné d’avance parce qu’il ne sait pas expliquer ce qu’il ressent.
Ces personnages et leurs décors sont campés de façon sèche et précise, dans un déroulement tragique impressionnant ; l’auteure manie les mots, ou les crée, comme le font les poètes. C'est son deuxième roman ... qui en appelle d'autres !
L'audience, roman d'Oriane Jeancourt-Galignani, publié chez Albin Michel, 297 p, 19 €