Je vous rassure de suite: je ne fais pas partie des illuminés qui croient encore à un complot qui aurait permis au King de se retirer de la vie publique et de se la couler douce dans un coin perdu du globe ( voir les 10 raisons assez incroyables qui feraient douter de la mort du King).
Non si je déclame ce titre légèrement un peu mytho, c'est parce que nous, Michel et moi, avons récemment lu et vu deux oeuvres qui tenteraient de prouver, chacune à leur manière que cette légende du rock n roll est increvable et que l'art n'a pas fini de le faire resscuciter, sous n'importe quelle forme que ce soit. La preuve en deux chroniques, celle d'un livre et d'un film qui est sorti récemment en DVD qui toutes les deux ne cessent de clamer que Rock’N’Roll will never die !
1.Bye-Bye Elvis ; Caroline De Mulder : Bye-bye love, bye-bye happyness
« Délesté de douze kilos et tout de blanc vêtu, l’Aigle américain grand ouvert sur sa cape, Elvis multiplie les tableaux vivants, Elvis Messie à bras ouverts et les paumes tendues vers vous, Elvis genou à terre, les doigts écartés et l’index pourfendeur, Elvis aux ailes déployées prêt à s’envoler pour d ‘autres cieux, meilleurs. Malgré le régime, la ligne du menton est molle. Dans la salle, ambiance religieuse, ce n’est plus un homme, c’est un monument, ce n’est plus une idole, c’est une relique. »
Et si le roman le plus Rock’n Roll de la rentrée était Belge ? Et si Elvis n’était pas mort à Graceland le 16 Aout 1977 ? Caroline De Mulder s’empare cette légende urbaine pour nous livrer une « biographie » du King pleine de larmes, de sueur et de divers fluides corporels. La vie du King n’a pas été un jardin de roses. Fils de pauvres devenu riche à millions il passera sa carrière à se protéger en s’entourant mal : un colonel manager escroc notoire, une bande de Garçons parasites qui le suivent partout, filles et mères hystériques prêtes à tout, famille cannibale et vers la « fin » de sa vie une énorme couche de graisse véritable air bag contre le mal-être.
Et si Elvis n’était pas mort et enterré à Graceland, Memphis, Tennessee ? Peut-être finirait-il sa vie à Paris dans un immeuble cossu du XVIe arrondissement, au bon soin d’Yvonne. Cette veuve dévouée, tour à tour gouvernante infirmière maman,panse et cajole un vieux monsieur dont elle ne sait rien. Et surtout Yvonne est discrète et bienveillante.
Amour, gloire et beauté, quête impossible.Vrai-faussebiographie intelligente et sans concession, Caroline De Mulder nous parle du rêve et du cauchemar Américain, nous parle de vieillesse, de solitude, d’amour non partagé avec tendresse et sensibilité. Un bon roman.
2.Ultimo Elvis: un sosie argentin plus vrai que nature
Même si contrairement à ce que je dis dans le titre Elvis est bel et bien mort, il suffit de lever la tête pour s’apercevoir qu’il s’est réincarné en dizaines de milliers de sosies à travers la planète.
Et parmi ces sosies, figure le personnage principal du premier film argentin d' Armando Bo, scénariste de Biutiful d'Inarritu, qui nous amène avec ce Ultimo Elvis, sorti en DVD récemment chez Zylo, sur les pas d’un homme, ouvrier le jour qui se transforme en sosie assez troublant d'Elvis ( fin de carrière) à la voix aussi troublante que magnifique.
Ce sosie d’Elvis qui erre de cachets en problèmes familiaux dans la ville de Buenos Aires est magnifiquement incarné par un acteur que je ne connaissais pas du tout, John McIerny , absolument saisissant de mimétisme et de trouble.
Un sosie loin de celui de Podium de Yann Moix, bien plus mélancolique captivant, et imprévisible, ce qui fait que l’on reste attentif aux moindre de ses ses faits et gestes, jusqu'à un dernier particulièrement inattendu et radical.
Un personnage passionnant à suivre , tiraillé entre sa vie banale et ses désirs de grandeurs et de succès qui nous prouve à quel point Elvis était vraiment un king, un artiste comme on n'a en plus jamais vu.
Elvis Presley - Jailhouse Rock (Music Video)