Paul Ardenne, né en 1956, est un critique d'art et muséologue français, spécialisé dans le domaine de l'art contemporain, de l'esthétique et de l'architecture. Né dans une famille d'agriculteurs charentais Paul Ardenne étudie les lettres, l'histoire et la philosophie avant de faire une thèse en histoire de l'art. Depuis 1990 il collabore à de nombreuses revues comme Art Press ou La Recherche photographique. Agrégé d'histoire et docteur en histoire de l'art, Paul Ardenne est l’auteur de nombreux essais et de quatre romans dont ce Comment je suis oiseau qui vient de paraître.
Enfant, Paul rêve de devenir ornithologue car il adore les oiseaux. Il les aime tellement qu’il est persuadé que sa forme humaine dissimule un moi profond et plus réel, à savoir qu’il serait lui-même un oiseau ! Dès lors il va tenter de se vivre oiseau, mais peut-on être si différent des autres dans le monde dans lequel nous vivons ?
Paul Ardenne construit son récit en s’appuyant sur un trait commun à de nombreux enfants, s’imaginer être un autre. Le petit Paul s’imagine oiseau comme ses copains se voient en général Rommel pour l’un ou en Dionysos pour un autre. Pour aérer le texte, de loin en loin, devenu adulte, il dialogue avec son ami turc Ali Kazma en contemplant les mouettes sur le Bosphore. L’écrivain est cultivé et ne manque pas de vocabulaire, les oiseaux étant au centre du bouquin nous en apprenons beaucoup sur leurs mœurs et physiologie.
J’étais entré dans ce roman par affinité commune avec son auteur, moi aussi j’aime les oiseaux, mais si je ne m’étais pas engagé à le chroniquer pour un site internet, je l’aurais abandonné vite fait. Durant une centaine de pages je me suis cramponné à ce pensum, jusqu’à la page 95 exactement, et cette prise de conscience par l’écrivain lui-même « Tout ce bla-bla pour dire quoi ? » qui m’a fait me sentir moins seul embarqué dans cette galère. Le roman semble alors décoller mais la force de l’attraction terrestre restant ce qu’elle est, le zozio ne parvient jamais à hisser son croupion dans les airs.
Certes on tombe parfois sur de jolis passages, cette bacchanale naïve d’enfants nus dans la clairière, on est ému par le récit de la mort de « Rommel », on sourit de la tentative branquignolesque d’accouplement entre le petit Paul et sa copine… Mais il y a aussi beaucoup de répétitions, on tourne souvent en rond dans le développement de l’idée de base, on s’agace de contradictions comme ce « Voler, dis-je à Ali Kazma, eh bien non. Voler ne m’a jamais attiré » (p.144) qui vient en écho dissonant à « Monsieur Gil, ai-je un jour des chances de devenir un oiseau total, un oiseau qui vole ? » (p.173).
Conclusion, je me suis ennuyé grave à la lecture de ce roman.
« « Montre-moi une seule preuve que tu as quelque chose de l’oiseau et tope, je commence à te prendre au sérieux ! » Mes dents se limaient-elles, petit à petit ? S’affinaient-elles au point de se modeler sous l’espèce de deux lames affûtées sur leur bord, forme naissante de mon bec futur ? Les écailles sur mes jambes en étaient-elles au stade de la formation ? Les longues plumes qui poussent au-dessus du croupion sortaient-elles de ma chair, même sous la forme d’un plumage microscopique ? Non. Alors macache. J’étais un traître, un imposteur, un menteur. Un « pauvre type », voilà. Pis encore, je trahissais l’humanité, avait insisté Dionysos. »
Paul Ardenne Comment je suis oiseau Le Passage – 285 pages -