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[anthologie permanente] Laurent Albarracin

Par Florence Trocmé

Laurent Albarracin publie Le Déluge ambigu suivi de Col des Signes aux éditions Pierre Mainard.  

 
La pluie millimètre son hécatombe 
il ne faut rien attendre des hommes 
il ne faut rien attendre du tout 
il faut donner sa confiance à ce qui est exact 
alors seulement les graines éclatent 
dans un grand pain de plumes 
 
Il faut voir 
les grognements de l’eau dans les trous du plaisir 
et comme tout ce qui se donne s’adonne 
à la dévoration de ses bords 
à l’adoration de sa forme 
à l’enfouissement de soi 
 
Le blé se couche sous l’accent circonflexe d’une mésange 
 
○ 
 
Oui la beauté est toujours un peu 
le poinçon en nous de la tristesse 
Qu’est-ce que cet oiseau qui pépie 
sinon en effet un pincement épaissi 
de la corde du cœur ?  
 
L’existence de l’oiseau, précisément l’oiseau la figure 
avec son apparence de gros poing délicat 
(d’une délicatesse que soulignent ses fines pattes) 
serré sur sa branche fragile 
avec sa balourdise aussi de vilain point sur un i 
ou son air de nœud pompeusement noué 
autour du chant qui le traverse 
 
La vie fluente est un mince filet 
qui s’écoule et qui retient 
ce qui est qui s’enroule 
comme un trille sur sa treille
 
 
Laurent Albarracin, Le Déluge ambigu suivi de Col des Signes,  éditions Pierre Mainard, 2014, pp. 13 et 23.  
 
Laurent Albarracin dans Poezibao :  
bio-bibliographie, Pierre Peuchmaurd, témoin élégant (parution), entretien sur la collection le Cadran Ligné, ext. 1, "Le Secret secret", par Henri Chevignard, [notes sur la création], [entretien] avec Laurent Albarracin, ext. 2, ext. 3


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