Un monde meilleur et du foie gras pour tous !

Publié le 23 mai 2008 par Chroneric

Aux Etats-Unis, il y a un Barack remonté à bloc et se voyant déjà en haut de l'affiche et une Hillary complètement à la traîne qui tente de se raccrocher à ce qu'elle peut. En France, on a une droite motivée, et forte de ses convictions, elle continue sa politique de réformes contre vents et marées, et une gauche en pleine analyse à la recherche d'un avenir. C'est marrant comme certains schémas se reproduisent. En face d'un faible il y a toujours un fort. Mais le gagnant n'est pas toujours celui que l'on croit alors il faut être prudent et appliquer le principe de précaution même dans les analyses et les pronostics.

Puisqu'on en parle, où en est la gauche ? Alors que les Strauss-Khan, Fabius et Lang sont devenus relativement silencieux (prêts peut-être à jaillir de nulle part en 2012), une Royal arrive à rester dans la lumière et tente de faire oublier le passé, un Delanoë jette de nouvelles idées dans la marre et sort un livre, et maintenant un Collomb met son grain de sel et se positionne en sauveur. Comment dépatouiller tout ça ? Repartir à zéro et tout réinventer semble le maître mot. Le plus dur va sans doute être de créer une gauche innovante toujours basée sur ses valeurs sociales mais qui n'aura pas peur d'y ajouter des idées jusqu'alors réservées traditionnellement à la droite : sécurité, libéralisme, mondialisation, compétitivité. Ce ne sont pas des gros mots mais des mots du XXIème siècle auxquels il faut s'habituer. Le socialisme peut tout à fait s'employer à placer l'Homme au cœur de ses actions et lui faire profiter de tout ce qui fait le monde d'aujourd'hui. La droite n'a jamais eu le monopole de quoi que ce soit.

Avez-vous toujours voté à gauche ou voté à droite ? Non ? c'est normal, les discours ont souvent été confus et l'électeur n'a jamais bien su comment se positionner. Le schéma "patron riche dominateur" et "salarié pauvre soumis" n'est plus. Il faut absolument se faire à l'idée que tout le monde peut avancer dans la même direction et profiter d'une action commune : c'est comme cela que la croissance et le pouvoir d'achat reprendront du poil de la bête. Une entreprise et des salariés heureux coûtent moins chers à la société que des entreprises occupées à régler des parachutes dorés et des salariés mis sur la touche. Ne nous voilons pas la face. Même si les gens sont dans la rue pour réclamer une vie meilleure et votent traditionnellement à gauche, ils entendent bien profiter des richesses que produit notre économie mais qui ne profitent pour l'instant qu'à une poignée de nos concitoyens. Un point commun à noter : les actionnaires et les salariés pensent à la même chose pécuniaire.

Faisons tomber les tabous. Sous des airs d'égalité sociale et de considération humaine, nous sommes tous matérialistes. Tout ce que l'on veut c'est pouvoir s'acheter une voiture, être propriétaire, s'équiper et partir en vacances tous les ans. Si les gens lisent les magazines "people", ce n'est pas pour admirer les jolies photos ou compatir aux sorts des célébrités, mais c'est bien évidemment parce qu'ils envient tous ces gens qui roulent dans de belles voitures, habitent dans d'immenses propriétés avec piscines ou participent à des soirées mondaines bien arrosées alors que leur emploi du temps n'est pas si chargé que ça. La nature humaine est comme ça, on n'y peut rien. La télévision plate a fait un bon en avant considérable et 55 millions de portables circulent en France. Le socialisme doit donc s'adapter et penser que l'on ne vit pas que d'amour et d'eau fraîche mais que l'Homme entend bien se faire plaisir. Ce qui scandalise ce n'est pas que les grandes entreprises annoncent des bénéfices record, c'est qu'elles n'en fassent pas bénéficier les salariés.

Ceci étant dit, quelles solutions appliquées ? Travailler plus pour gagner plus ? En Asie, les salariés font des journées de 36 heures et sont payés une misère. Travailler plus longtemps ? Vous vous voyez à 80 ans à continuer ce que vous faites actuellement ? Généraliser l'intéressement ? Les actionnaires devront accepter de partager et réduire leur train de vie. Il n'y aura pas une solution miracle mais tout un train de solutions. Et ce n'est pas en opposant continuellement la droite contre la gauche, salariés contre patron, public contre privé, chômeurs contre cotisants qu'on y arrivera.

Cessons les beaux discours et les gamineries avant que les commerces et les stations services soient pillés à l'instar des câbles de cuivre. "Moi je dis que les bonbons valent mieux que la raison"...