A quelques kilomètres seulement au sud-est de Paris, il y a un très beau château à visiter, celui de Vaux-le-Vicomte. Moins connu que l’immanquable Versailles, ou que le Domaine de Chantilly, le château de Vaux-le-Vicomte à environ 50 km de Paris, recèle de belles surprises et un confort de visite agréable (vous ne serez pas à vous marcher dessus durant votre visite des lieux).
La particularité de Vaux-le-Vicomte ?
Un château typique du 17ème siècle, fruit du travail émérite des 3 meilleurs artistes de l’époque : l’architecte Louis Le Vau, le peintre Charles Le Brun, et bien sûr le paysagiste Le Nôtre, ceux-là même qui ont travaillé à Vincennes, et qui ensuite rassembleront leurs talents à Versailles.
Mais à qui appartenait ce chef d’oeuvre de l’architecture classique ?
Nicolas Fouquet surintendant des finances, durant le règne de Louis XIV à qui il reste fidèle durant la Fronde. Ayant accumulé des fonds importants, il choisit d’investir dans un domaine à mi chemin entre Versailles et Vincennes, pour en faire un château digne d’accueillir le roi.
Profitant d’une extraordinaire soirée aux chandelles organisée au Domaine de Vaux-le-Vicomte, nous avons eu la chance de profiter d’une visite du château, peu ordinaire. La visite privée nous a été faite par le propriétaire des lieux en personne.
Mais de gros travaux sont nécessaires sur ce terrain pris entre deux cours d’eau. Il faut aplanir le sol, le mettre à niveau, et le drainer. Plus loin sur le domaine, deux rivières se coupent à angle droit, et Le Nôtre en tirera parti pour son plan des jardins. C’est aussi cette topographie, qui donne son nom aux lieux, car “vaux” est le pluriel de vallées.
Les travaux sont assez rapides, ils commencent en 1650 et onze ans plus tard, Fouquet mettra les petits plats dans les grands en organisant, le 17 août 1661, une fête fastueuse où toute la Cour de France est conviée, pour en fêter la fin. Ce n’est donc pas moins de 3 000 personnes qui viennent à Vaux, c’est cette occasion notamment que la veillée aux chandelles commémore chaque année (mais nous y reviendrons dans un prochain article).
En pénétrant dans le château, nous percevons ce qui a guidé la conception des lieux : la transparence que l’on observe depuis la grille, et lorsqu’on parvient en haut des marches du château. Car les 6 arcades Nord et Sud du château étaient autrefois ouvertes, ainsi depuis les grilles d’entrée, il était possible d’observer même au travers du château, les perspectives du jardin.
Les invités pouvaient ainsi voir sur 1.5 km, l’harmonie entre le jardin et le château, cela est du aux fait que les communs, sur les côtés du domaine, sont ouverts.
Ce n’est que tardivement que ce domaine privé est classé monument historique. Ainsi donc Alfred Sommier, industriel, en fait l’acquisition alors qu’il est tombé en ruine, en 1875. Il passe une part importante de sa vie à le restaurer, et ses descendants, la famille de Voguë en assure jusque maintenant la gestion.
C’est avec Alexandre de Voguë que nous réalisons la visite. Avec gentillesse et passion, il nous introduit dans les lieux. Nous expliquant la situation délicate dans laquelle son père se trouve lorsqu’il hérite du domaine en cadeau de mariage. Il s’agit pour lui, d’une sacrée charge. Il s’installe pendant une courte période avec sa famille dans l’angle nord ouest du château.
Durant toutes ces années, c’est cet esprit familial, convivial et accessible qui est à l’oeuvre dans le domaine.
Nous commençons la visite du rez-de-chaussée du château par la pièce des Maîtres Créateurs, où l’on découvre les grands hommes à l’origine des lieux. Dans la pièce suivante, la grande chambre carrée, on trouve au dessus de la cheminée le portrait de Nicolas Fouquet qui reçoit en bonne compagnie, puisque des sculptures du roi, de Richelieu, et Mazarin, sont présentes. On y découvre également de belles tables qui n’ont jamais quitté le château depuis 350 ans.
Nous pénétrons ensuite dans le salon des Muses. IAu plafond une belle peinture de Le Brun, qui représente les muses.
De magnifiques tapisseries qui datent de 1630 ornent les murs, elles retracent l’histoire d’Aminte et Sylvie.
Dans l’angle, on trouve l’entrée du cabinet des jeux, une pièce intimiste, où l’on trouve même des photos de famille de la famille de Voguë. Au plafond le magnifique Sommeil, de le Brun.
Nous découvrons le salon d’Hercule, sombre à cette heure de la journée, avec de magnifiques toiles au mur.
Nous arrivons ensuite dans le Grand salon dominé par sa coupole, qui n’a pas eu le temps d’être décorée (car Fouquet est arrêté), et encadrés par d’authentiques bustes antiques.
En effet, suite à la fête du 17 août 1661, la la réussite de Nicolas Fouquet fait des envieux. Ainsi on soupçonne Colbert, de l’avoir critiqué auprès du roi. Ainsi donc c’est seulement quinze jours après la fête que Nicolas Fouquet est arrêté alors qu’il est à Nantes. Il est mis en prison, et suite à son procès qui dure 3 ans, il est condamné au bannissement. Finalement le roi souhaite le garder en prison, et il y termine sa vie.
Nous poursuivons ensuite par la bibliothèque.
On y trouve un bureau à six pieds de Boulle, en ébène.
Ensuite nous pénétrons dans la chambre du roi, la plus ornée du château. Elle servira d’inspiration au roi, pour la sienne à Versailles. Car il était alors de bon ton, lorsqu’on possédait une demeure d’importance, de réserver une chambre que pouvait réclamer le roi, pour qu’il l’utilise lors de ses déplacements. Jamais le roi n’aura l’occasion de dormir dans celle-ci.
On y voit déjà le relief dans les décors, avec ces anges qui sortent du plafond.
Un peu plus loin, on découvre les appartements de Villars, également inachevés. Le plafond est sculpté mais pas peint.
On passe ensuite par une petite pièce de commodités, par un espace où l’on retrouve les grandes batailles et par l’antichambre du roi.
Dans la salle des Buffets, on retrouve un plafond que signe le Brun. C’est la première pièce entièrement dédiée à la restauration.
On descend ensuite dans les sous-sols, découvrant la cellule du célèbre prisonnier (qui n’a pas résidé en ces lieux) l’homme au masque de fer. On dit que Nicolas Fouquet et lui se sont connus. C’est ainsi qu’on explique sa présence symbolique.
On découvre enfin les cuisines, et les gardes-manger impressionnants.
Ici chaque détail est soigné, et cela contribue à nous faire une bonne idée des lieux. Les lieux ont servis jusqu’en 1956.
Nous achevons notre visite intimiste et chaleureuse, les idées plus au clair sur la vie au 17ème siècle.
Un endroit à découvrir et à prolonger par la visite des jardins somptueux, dont nous parlerons dans un prochain article.
A visiter :
Le Château de Vaux-le-Vicomte
77950 Maincy