La politique galvanise les séries TV et prend d’assaut les petits écrans. Dramatiques, comiques ou idéalistes, les séries politiques ont pris les pleins pouvoirs. Pourquoi toute cette fascination ? Comment la fiction participe-t-elle a sculpter l’opinion ?
Homme politique, c’est une profession où il est plus utile d’avoir des relations que des remords. Coluche
Les séries US trempent le public dans des univers médiatiques qui bouleversent la démocratie factuelle et qui louent des héros et anti-héros en crise, tiraillés selon les antagonismes et combats physiques ou psychologiques que leur impose leur quotidien.
Vu de l’extérieur, le monde politique est ténébreux. En dehors des élections et autres déclarations publiques, rien ou presque ne transparait. Les stratégies, les alliances, les trahisons restent enfouies. Les séries politiques lèvent le voile et nous montrent ce qui se planque derrière les tapisseries. Les anti-héros aux mains sales de House Of Cards et Boss (pour ne citer qu’eux), ont pris en otage la Maison Blanche. Ils ont en commun leur insatiable soif de pouvoir et incarnent nos pires angoisses politiques avec leurs côtés fumeux, bien loin des idéaux.
Les séries politiques veulent soulever le débat comme dans Scandal où il n’est pas juste question de pouvoir politique mais aussi du pouvoir de séduction des politiques. Un programme souvent à l’eau de rose certes, mais qui cache bien souvent un vrai discours. Les séries anglo-saxonnes sont particulièrement critique vis-à-vis du pouvoir. Homeland par exemple, n’hésite pas à remettre en cause la politique étrangère et la lutte anti-terroriste des États-Unis. *SPOILER* En y bombardant une école du Moyen-Orient, les américains créent eux même leur propre ennemi intérieur : Nick Brody.
La série en politique a encore une fois l’avantage de son format. Grâce aux différents épisodes des multiples saisons, elle permet de décortiquer les mécanismes du pouvoir sur la durée comme dans Borgen ; saisissante réflexion sur la démocratie à l’Européenne. D’ailleurs, une étude a révélé que la série, qui cartonne au Danemark, a stimulé l’intérêt des Danois pour le dit « système ». Par ailleurs, la suspicion et la méfiance actuelles envers le monde politique se reflète assez bien dans Veep qui enchaîne les sarcasmes.
Si l’on raffole de ces séries (moi en tout cas j’en suis dingue), c’est parce qu’elles soulignent l’évolution de nos sociétés, qu’elles secouent les discours formatés, qu’elles éduquent sur le fonctionnement de nos démocraties (leurs parts d’ombres et de leurs espoirs), tout comme elles nous plongent au cœur du pouvoir.