Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…

Publié le 05 octobre 2014 par Chatquilouche @chatquilouche

Deux de mes films préférés des années récentes sont Coraline (2009) et Paranorman (2012). Ce qu’ils ont en commun est un studio d’animation appelé Laika. Installée à Portland, Oregon, la petite compagnie se spécialise dans l’animation image par image – « stop-motion » – et perpétue cet art dans une ère où l’imagerie par ordinateur règne.

Leur plus récente production vient tout juste de sortir dans les salles de cinéma : The Boxtrolls (Trolls en boîtes au Québec) raconte l’histoire de créatures étranges vivant sous la ville de Cheesebridge. Les habitants de cette ville croient dur comme fer que les Boxtrolls sortent la nuit pour voler leurs enfants, qu’ils les ramènent dans leur repère et les dévorent. Il n’en est rien. En fait, les petits trolls sympathiques volent divers objets rejetés par les humains pour les recycler en d’autres objets et ainsi leur redonner une certaine utilité.

Au cours de l’une de leurs excursions nocturnes, il y a quelques années, ils ont enlevé un bébé – d’où leur mauvaise réputation – et l’ont élevé comme l’un des leurs. Aujourd’hui presque ado, le petit Eggs est convaincu d’être un Boxtroll. Lorsqu’il tombera nez à nez avec Winnie, la fille de l’homme le plus influent de la ville, il prendra conscience peu à peu de sa vraie nature. Les Boxtrolls étant menacés par le méchant Archibald Snatcher, qui veut les exterminer jusqu’au dernier, Eggs leur viendra en aide accompagné de Winnie et du coup, découvrira certaines choses marquantes sur son passé et sur sa propre identité.

J’étais déjà vendu au concept des Boxtrolls puisque j’avais adoré les deux premiers films de Laika, et tout ce que je voyais sur leur page Facebook en guise de promotion pour le film depuis près d’un an me plaisait au plus haut point. Je suis en amour avec Laika. Quand on regarde les documentaires sur les DVD de Coraline et de Paranorman, on se rend compte à quel point travailler pour cette compagnie semble être la chose la plus merveilleuse au monde. Tels de grands enfants, les animateurs employés par Laika mettent leur cœur et leur âme dans la création des personnages. Le travail minutieux qui entre dans la fabrication de ces petits êtres, qui s’animent devant nos yeux, est stupéfiant.

The Boxtrolls, inspiré d’un livre populaire pour enfants, est – comme ses deux prédécesseurs – à la fois bon enfant et sombre dans son ton. J’ai un neveu de cinq ans qui l’a vu et est tombé amoureux du film, alors soyez rassurés qu’il s’agît bel et bien d’un film pour enfants. Ce même neveu avait également été fasciné par Paranorman et ses sympathiques morts-vivants. The Boxtrolls nous entraîne dans un univers à la fois coloré et glauque, peuplé de personnages tous plus tordus et amusants les uns que les autres. Les méchants sont laids et déformés, les bons – particulièrement les trolls – sont si attachants qu’on voudrait les ramener chez soi.

C’est un film qui se doit d’être vu plusieurs fois, à mon avis, pour apprécier tous les détails. Je ne l’ai vu qu’une fois au cinéma, avec ces fameuses lunettes 3D que je déteste tant, et j’ai hâte de le redécouvrir sur DVD ou Blu-Ray éventuellement, comme ce fut le cas avec les précédents films de la compagnie. Paranorman demeure mon préféré parmi les trois, vu mon penchant pour les films d’horreur (le film rendait un formidable hommage à ce genre), mais ceci étant dit, je vais certainement revoir The Boxtrolls plusieurs fois, et ce, avec énormément de plaisir.

Ces films ne sont pas simplement des films pour enfants ; ce sont des films intelligents, ingénieux, fabriqués avec soin et amour par des gens passionnés par leur métier. Ils remettent au goût du jour des techniques anciennes, rehaussées à certains moments d’images coproduites par ordinateur (quoique la proportion de celles-ci est minime). Ils sont les dignes successeurs de Willis O’Brien et Ray Harryhausen ; ils sont les nouveaux magiciens du cinéma. Et à chaque nouvelle œuvre, je suis impatient d’être enchanté et de découvrir quels tours ils vont nous offrir.

Je vous invite fortement, vous aussi, à faire plaisir à vos sens en vous régalant de ce joli petit film qu’est The Boxtrolls.

Notice biographique

Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma.  Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent.  Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise.  Jean-François habite maintenant Peterborough.   Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)