La réalité est en train de rattraper la fiction pour les futurs astronautes à destination de la planète rouge Mars. Si nous avons longtemps baigné dans l’imaginaire des romans et des films de SF, la société américaine SpaceWorks, basée à Atlanta, est sur le point de rendre réel un vieux rêve humain : voyager dans l’espace en plongeant les passagers dans un état léthargique pour rendre les longs voyages spatiaux moins contraignants.
La société SpaceWorks, récompensée par un NIAC awards décerné par la NASA, développe une méthode, déjà utilisée par la médecine, qui pourrait révolutionner les voyages spatiaux dans un futur proche comme elle l’a démontré cette semaine lors du congrès international astronautique de Toronto.
En combinant l’hyperthermie thérapeutique, similaire à celle utilisée en réanimation dans les hôpitaux, avec la nutrition par voie parentérale (alimentation par voie intraveineuse), les astronautes pourraient être plongés dans un état léthargique le temps du voyage. On ne parle donc pas de cryogénie, une méthode trop risquée qui provoque la cessation de l’activités métabolique. Ici, le but serait de faire diminuer la température du corps pour qu’il atteigne les 32 à 34 degrés via une injection de produits ou en refroidissant le corps avec des packs de gel refroidissant, ce qui permettrait de réduire le métabolisme humain et faire sombrer le corps dans l’inconscience.
Un projet qui comporte de nombreux avantages.
Mais rien n’est encore gagné, puisque il s’agit actuellement d’un projet, d’ailleurs intitulé « Habitat de transfert induisant la léthargie pour la stase humaine vers Mars », qui se base sur une future mission projetée par la NASA, qui ne prévoit aucun voyage sur Mars avant les années 2030.
SpaceWorks doit encore trouver le meilleur moyen de plonger les astronautes dans un long sommeil mais aussi comprendre les conséquences à long terme d’un si long sommeil sur les capacités des astronautes à réagir par la suite. En comparaison, aujourd’hui, il n’a jamais été nécessaire de garder un être humain plus de 7 jours dans un état léthargique. Pour une mission à destination de Mars, de nos jours, il faudrait compter 180 jours pour le voyage aller, 500 jours sur place pour mener les missions à bien, et 180 jours pour le voyage de retour. C’est long mais il y a encore du temps avant 2030 pour, non seulement faire diminuer le temps du voyage mais surtout pour développer l’approche actuelle, basée sur l’extension des pratiques médicales actuelles, et rendre cet ambitieux projet viable. Projet qui pourrait d’ailleurs intéresser la Chine, le Japon, la Russie, l’Europe, l’Inde et les prochaines nations qui se lanceront dans la conquête spatiale !
Bien entendu, pour rendre ce voyage réalisable, la société SpaceWorks a aussi repensé l’architecture du vaisseau et du module habitable. Et ici aussi, SpaceWorks intéresse la NASA puisque sa proposition permettrait une réduction considérable des coûts mais pas seulement. La surface habitable du module imaginée par SpaceWorks, qui s’est inspirée de la station spatiale internationale, passerait de 200 m3 à seulement 20 m3 (plus besoin des cuisines, de la salle de gym et autres lieux de vie pour les astronautes en état léthargique). Cela permettra de mettre en orbite moins de matériaux pour la mission, de réduire la puissance de propulsion de l’engin, d’éventuellement doubler l’équipage et même rendre les boucliers antiradiation plus performants.
Sur le modèle actuel, six alcôves accueilleront les six astronautes, les stocks d’alimentation intraveineuse et les circuits fermés de production d’oxygène. Pour pallier à l’état léthargique des astronautes durant le voyage, un bras-robot gérera toutes les manipulations nécessaires au bon fonctionnement de la mission. Pour assurer la santé des astronautes, des stimulations électriques pour éviter l’atrophie musculaire seront générées alors que l’état de santé des astronautes sera en permanence monitoré.
Bien parti pour devenir réalité, le projet de SpaceWorks permettra aussi aux astronautes de minimiser les problèmes psychologiques liés aux longs voyages en milieu confiné et ouvrirait une voie royale à la découverte d’autres planètes ou lunes comme Europa ou Titan et pourquoi pas quitter notre système solaire dans quelques décennies !
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