Retour sur une note écrite le 26 mars 2013. En ce jour de manifestation elle reste dans l'actualité. Encore. Malheureusement.
C’était pas vraiment marrant cette journée, les gens, la foule, je ne comprenais pas grand-chose, papa m’a expliqué que l’homme et la femme c’est fait pour faire des enfants et que la famille c’est un père et une mère et rien d’autre bordel de merde ! T’as l’air fin aujourd’hui le daron au fin fond de ton appart à te lamenter sur l’absence de maman qui est partie vivre sa vie avec son amant, tu sais celui avec qui elle vivait une liaison depuis plus de 5 ans. Je suis dur, mais toi, tu étais pire ce dimanche 24 mars.
Tu me diras que ce n’est pas pire que mon copain d’école, Nicolas, lui un autre jour et de l’autre côté de la barrière avec le mariage pour tous, à qui on a collé une pancarte dans les mains, faut dire qu’il a bien rigolé, à huit ans, "bite dans le cul..." écrit sur une pancarte c’est toujours marrant… ou pas. Il s’en souvient bien, comme moi de cette période, de notre « engagement », de la diffusion de nos images. Pauvre Nicolas, je pense à lui encore. Putain huit ans.
Puis la foule, les gens, les flics, le bordel, l’agitation. Aujourd’hui en étant plus grand je me dis que le monde serait meilleur si tu avais mis plus d’énergie à sortir dans la rue défendre les fermetures d’usines, les salauds qui font que j’ai plus de boulot en ce moment. T’as des bonnes raisons, t’as voulu faire de moi un bon hétérosexuel, me conformer à cette bonne vieille culture judéo-chrétienne qui me fait bien gerber aujourd’hui.
Je ne t’embrasse pas, maman non plus qui n’a rien dit quand nous sommes rentrés et que j’ai pleuré dans ma chambre. C’est la famille. A moi de construire la mienne, dans l’amour, le partage, le désir et les échanges avec l’esprit ouvert… rien que des mots que vous ne connaissez pas.
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