Les jeunes agriculteurs osent la méthanisation

Publié le 05 octobre 2014 par Blanchemanche

#transitionénergétique #agriculture

Thomas et Simon Giraud juste à côté de l'imposant digesteur qui transforme le fumier et les effluents en gaz et chaleur. - (Photo NR) 

Les seuls revenus agricoles ne suffisant plus, Thomas et Simon Giraud parient sur la méthanisation au cœur de leur ferme de Faye-l’Abbesse.
C'est peu dire que l'exploitation de l'EARL Giraud, à l'Auraire de Faye-l'Abesse, a changé d'allure ces derniers temps. La ferme familiale, exploitée par le père Marc et ses deux fils Thomas et Simon, est désormais à l'ombre d'une unité de méthanisation, imposante même si elle est officiellement qualifiée de « mini ». Son inauguration, cet après-midi, est l'aboutissement d'une aventure démarrée il y a six ans, à l'initiative des deux jeunes agriculteurs.
 " Dans huit à neuf ans, la structure sera amortie "
Ce n'est un secret pour personne : les seuls revenus agricoles ne suffisent plus franchement à sortir un salaire digne. Alors, « nous avons répondu à un appel à projets de la Région qui incitait à installer des petites usines à méthanisation, explique Thomas Giraud. Nous y avons vu un moyen de diversifier notre activité et d'avoir des revenus stables ».
Le bureau d'études toulousain Méthanéva les a alors aidés dans leurs démarches, il est également maître d'œuvre du chantier démarré en novembre 2012 pour une unité qui fonctionne depuis décembre dernier (1). L'investissement global a été de 620.000 €, subventionnés à hauteur de 245.000 € par la Région, l'Ademe et le Feader (Europe). D'après les prévisions, tous prêts bancaires considérés, « dans huit à neuf ans, la structure sera amortie », espère Thomas Giraud.
nr.bressuire@nrco.fr
 (1) Capacité de traitement : 10 tonnes par jour. Prévision de production thermique annuelle : 595.000 kWh/an et de production électrique annuelle : 385.000 kWh/an (source préfecture).
Comment ça marche
L'unité de méthanisation installée par l'EARL Giraud (lire ci-contre) reçoit le fumier et les effluents produits, entre autres, par les 150 vaches allaitantes de la ferme (ainsi que des apports extérieurs, notamment des pelouses de paysagistes). Un gros digesteur est alors chargé de récupérer le méthane.
Le gaz a ensuite une triple utilité. Il permet d'abord de produire de la chaleur qui chauffe cinq maisons d'habitation alentour et chauffe l'eau qui, couplée avec de la poudre de lait, nourrit les quelque 700 veaux de boucherie engraissés ici annuellement : voilà un gros poste de dépenses largement diminué. La chaleur produite permet aussi d'alimenter le nouveau séchoir à foin qui vient d'être construit.
En alimentant un moteur qui fait tourner une turbine, le méthane permet également de produire de l'électricité revendue à Séolis (dans le cadre d'un contrat de quinze ans). L'EARL Giraud a calculé que cette vente pourrait lui rapporter 75.000 € par an.
Xavier Le Roux
http://www.lanouvellerepublique.fr/Deux-Sevres/Actualite/Environnement/n/Contenus/Articles/2014/10/03/Les-jeunes-agriculteurs-osent-la-methanisation-2067744 


Les fermes à méthane en Deux-Sèvres
En Deux-Sèvres, la méthanisation a le vent en poupe.
Pour rappel, c'est un procédé biologique qui permet de valoriser des matières organiques en produisant une énergie renouvelable, le biogaz, et un fertilisant, le digestat.

A ce jour, cinq installations sont déjà opérationnelles à Prahecq (La Lougnolle), Louzy (Tiper Méthanisation), Saint-Varent (Cap'Ter Méthanisation), Faye-l'Abesse (EARL Giraud) et Vasles (la Gruzardière) qui peuvent chaque jour traiter 375 tonnes de matières organiques.
Elles ont une capacité annuelle de production totale de 6,8 millions de m3 de biogaz, une capacité annuelle de production thermique de 18.395 millions de kWh, une capacité annuelle de production électrique de 25.725 millions de kWh.
La plus petite se trouve à la Gruzardière, à Vasles, elle a une capacité de traitement de quatre tonnes par jour. La chaleur produite permet, notamment, de chauffer les serres où sont cultivés des légumes. La plus importante est à Louzy, près de Thouars : Tiper Méthanisation peut absorber chaque jour jusqu'à 275 tonnes de matières organiques, elle a une capacité de production annuelle de 6,8 millions de m3 de biogaz.
Au printemps 2015, une sixième unité entrera en service. Portée à Saint-Gelais par Queray Energies, elle est adossée à une ferme pour traiter 10 t par jour, produire chaque année 275.000 m3 de biogaz, générer 608.000 kWh/an d'électricité, produire de l'eau chaude, chauffer trois maisons, sécher les fourrages.
Six autres projets sont actuellement à l'instruction, en préfecture, pour un potentiel total de traitement de 610 tonnes supplémentaires de matières organiques, une capacité de production de 13,8 millions de m3 de biogaz, 26.600 millions de kWh/an thermiques et 35.400 millions de kWh/an électriques.
Ces projets se situent à Melle (Meth'Innov, 100 tonnes traitées/jour, 2.400.000 m3/an de biogaz), à Mauléon (Teras Méthanisation, 50 tonnes traitées/jour, 1.980.000 m3/an de biogaz), Vasles (SCEA Guilbard, 18,5 tonnes traitées/jour), à Sainte-Eanne (Méthane Invest Vert, 50 tonnes traitées/jour, 3.500.000 m3/an de biogaz), à Ulcot (EARL Haut Ulcot, 8,50 tonnes traitées/jour) et à Borcq-sur-Airvault (Méthan'Invest, 25 tonnes traitées/jour).
http://www.lanouvellerepublique.fr/Deux-Sevres/Actualite/Environnement/n/Contenus/Articles/2014/10/03/Les-fermes-a-methane-en-Deux-Sevres-2067537