Faux. A part pour deux ou trois personnes, le 'premier roman' est loin d'être le premier fini par l'individu. Souvent le 'premier roman' publié est le cinquième, sixième ou vingtième écrit par l'auteur. Et à part pour dix ou vingt personnes, les textes écrits ensuite sont loin d'être tous publiés.
La partie émergée que tu vois, c'est celle qui est pas dans les tiroirs.
2. Les écrivains passent leurs journées à écrire
Alors en fait, quand ils ne sont pas en train de faire comme tout le monde et de faire leur lessive/ sortir le chien/ se couper les ongles de pied, la vie professionnelle des écrivains est loin de n'être qu'une existence de longues heures d'écriture. Petit aperçu:
Le travail de relecture, réécriture, corrections etc. prend aussi un temps beaucoup plus important que la plupart des gens ne l'imaginent.
3. Le plus difficile dans l'écriture, c'est de trouver les idées
Non, le plus difficile, c'est de CHOISIR UNE SEULE idée et DE S'Y TENIR JUSQU'AU BOUT.
Au stade des idées, y a pas de problème, on en a dix mille:
... et finir l'histoire. C'est là qu'arrivent les doutes, les angoisses, les pleurs et les larmoiements au téléphone avec ta mère.
4. Une fois que t'as un éditeur c'est tranquille, t'as totalement confiance en toi et en tout
Non, c'est toujours le doute et l'angoisse, avec en plus la peur de décevoir et l'envie permanente d'aller hiberner dans une grotte pendant le reste de ta vie. La remise d'un manuscrit ressemble donc à ça:
Nan allez j'abuse. Mais la perception du grand public est tellement, TELLEMENT fausse. Le nombre de fois où on me demande si j'écris 'pour l'argent'. Juste un rappel que la plupart des auteurs ne font pas ça à temps plein (et ne le veulent pas forcément, comme moi par exemple), et que ceux qui gagnent leur vie ne gagnent pas forcément un salaire qu'on pourrait qualifier de confortable. Si vous trouvez ça pas juste, achetez davantage de livres, pas sur Amaz$n si possible, empruntez-les en bibliothèque publique (on reçoit une somme à chaque fois!), et encouragez vos enfants/ amis/ etc à faire de même. De notre côté, on essaie d'obtenir plus de droits et de reconnaissance dans l'industrie du livre.
6. On écrit poussé par l'inspiration, qui s'adosse à notre épaule et nous murmure des belles phrases
Ou plutôt poussé par la deadline, qui te murmure d'écrire encore 3000 mots avant la fin de la journée sinon tu vas pas te coucher avec une tasse de thé et le dernier Robert Galbraith.
Bizarrement, non, certains (la plupart) d'entre nous écrivent pour les enfants parce qu'ils trouvent que c'est une activité intéressante, enrichissante et belle en tant que telle. Et si on écrit un jour pour les adultes, c'est pas forcément qu'on a 'évolué vers' cette littérature.
Vous avez le droit de penser qu'on est des losers, mais n'allez pas imaginer que nous en sommes à nos propres yeux. Nous, ça va bien. Et vous, vous nous prenez la tête.