Ninja Turtles
Titre original : Teenage Mutant Ninja Turtles (2014)
Un film de : Jonathan Liebesman
Avec : Megan Fox, Will Arnett, William Fichtner, Alan Ritchson, Noel Fisher, Johnny Knoxville, Jeremy Howard, Tony Shalhoub, Whoopi Goldberg et Minae Noji.
Tenez-vous prêts : quatre héros de légende vont bientôt faire parler d’eux à New York…
Leonardo, le leader, Michelangelo, le beau gosse, Raphael, le rebelle et Donatello, le cerveau, vont tout faire pour défendre la ville de New York, prise entre les griffes de Shredder. Entre deux dégustations de pizzas (sans anchois, bien sûr) et un entraînement intense aux arts martiaux, prodigué par leur maître Splinter, ils vont accomplir leur destin, aidés par la courageuse reporter, April O’Neil.
Projet Renaissance
En 2009, durant le 25ème anniversaire de la licence Teenage Mutant Ninja Turtles, Peter Laird, co-créateur des comics d’origines, décide de céder ses droits à Viacom, conglomérat possédant les studios Paramount Pictures, Nickelodeon et l’éditeur de comics IDW, dans l’espoir de donner un second souffle à la saga estimant en avoir fait le tour. Si pour l’instant, le reboot des comics est d’excellente qualité et la nouvelle série animée a su trouver son public en abordant un sujet jamais exploité auparavant. Il ne restait plus que l’adaptation cinématographique à exploiter pour que le tout soit complet.
Afin de capitaliser un maximum sur cette licence nouvellement acquise, la Paramount décide de confier le projet à leur poule aux œufs d’or: Michael « Transformers » Bay. Ce dernier étant occupé à tourner Transformers: L’âge de l’extinction, il se voit la possibilité de produire le film, ce qui lui assure un contrôle total sur l’œuvre et la confie à Jonathan « Yes-man/Tâcheron/Photocopieur » Liebesman, responsable des nanars La colère des Titans, Massacre à la tronçonneuse : Le commencement et World Invasion : Battle Los Angeles, puis place Megan Fox, ancienne star de Transformers, en tant que tête d’affiche du film. Si ces choix et bien d’autres furent contesté par les fans, il nous reste à découvrir si la vision Bay-esque des tortues est adapté à la licence.I love being a turtle
Cela fait maintenant depuis 2007, soit TMNT, que nous n’avions pas eu droit à un film sur les tortues ninjas, à l’exception de l’excellent Turtles Forever diffusé sur 4kids avant d’être disponible en DTV. Et depuis son reboot sur tous les formats, les fans des reptiles mangeurs de pizza attendaient avec impatience un nouveau film live susceptible d’apporter une vision moderne à nos chers ninjas. Cette fois-ci, Viacom et Platinum Dunes ont décidé de se passer des costumes et des marionnettes pour utiliser la capture-motion pour les mutants et cela est l’une des meilleures réussites du film. Le parti pris de s’éloigner de l’aspect traditionnel des protagonistes, pour un style plus humanoïde, plus réaliste est intéressant, cela permet de mieux identifier les protagonistes et de les rendre plus proche de la génération Z. Leonardo est le leader et porte les vêtements très symboliques d’un samouraï, alors qu’il est censé être un ninja. Donatello est le cerveau de la bande, sa tenue est rempli de gadgets, et des instruments de haute technologie, quel geek. Raphaël est le rebelle toujours en colère de l’équipe. Et Michelangelo est le skateboard surfeur qui aime s’amuser. Ces changements vestimentaires discutables, leur font perdre le côté furtif de l’art du ninjustu. En parlant d’art martial, les scènes de combats et d’actions sont créatives pour la plupart et les créatifs savent exploiter les attributs de nos protagonistes.
Pour titiller les fans de la première heure, les créatifs ont insérés de nombreuses références à l’univers des tortues allant de la série télévisuelle (générique et répliques cultes) à des références très obscures que seuls les spécialistes connaissent (Usagi Yojimbo, la ligne de jouets, la comédie musicale et références au premier film).Transformers Ninja
Les tortues subissent le même traitement que les Transformers de Michael Bay, que ce soit sur le fond et la forme. Si la personnalité des Autobots est basée sur des stéréotypes, cela découle de la logique qu’ils se sont inspirés de ce qu’ils trouvaient sur internet, vu que notre culture est stéréotypée. Ici nous avons droit à la même chose, vu que Splinter et les tortues ont forgés leurs personnalités sur ce qu’ils ont entrevus du monde, via les égouts et cela en devient lourd. Leonardo est le leader sans intérêt et personnalité, Michelangelo est lourd et grossier, Donatello est une caricature de nerd à limite de Steve Urkel. Raphaël est la tortue la plus mise en avant, mais contrairement à ses précédentes incarnations, les raisons de sa colère ne sont pas assez développé et crédible. Les reptiles font écho à des adolescents sorties du ghetto, ce qui peut être une manière de les voir mais cela démystifie beaucoup la licence, ce qui est appuyé par le spot télévisuelle « Ridiculous« . Splinter n’est pas particulièrement mis en avant, on voit qu’il s’agit d’un excellent guerrier sachant utiliser tous ses attributs, qu’il est un bon père de famille, mais cela s’arrête là. Mais le pire en matière de traitement est Shredder qui se retrouve réduit à l’état de Décepticon miniature, sans objectif clair.
Même si Michael Bay n’est que producteur sur ce film, Jonathan Liebesman ne va pas tenter une seul fois de mettre son empreinte sur ce film, mais va reprendre tous les codes propres au cinéma de son patron, les grosses explosions en moins. Et c’est cela le plus gros échec de Ninja Turtles, à aucun moment l’équipe créatif croit en leur concept. Au lieu, de développer leurs personnages et leur univers, ils préfèrent recycler les scénarios de Transformers et The Amazing Spider-Man, en mettant plus en avant les acteurs bancables (Megan Fox, Will Arnett et William Fichtner) supposés sécuriser des entrées et jouer des rôles secondaires. Ainsi donc les tortues, Splinter et Shredder se retrouvent relégué aux rangs de décors dans leur propre film. Cela est visible dès la première partie qui est centré uniquement sur April O’Neil, qui essaie de démasquer le clan Foot et les justiciers afin de se construire une réputation de journaliste.
Des origines sorties des égouts
Qui dit reboot, dit nouvelles origines pour les protagonistes. Si Viacom a su trouver de bonnes approches pour ses versions animés et comics, on peut dire que celles du film sont des plus discutables. Pour exemple le clan des Foot est nommé ainsi car il marche sur les innocents…
L'apprentissage du ninjustu et ses conséquencesSi pour Splinter et les tortues, leurs origines reprennent celles des comics édités par IDW, la manière dont ses derniers apprennent l’art du ninjustu via un livre est ridicule. Ainsi le personnage d’Hamato Yoshi, qui selon les versions est soit Splinter, soit le défunt propriétaire du rat, est tout simplement effacé de cet univers, ce qui automatiquement enlève la rivalité entre lui et Shredder. La théorie sur Eric SachsEric Sachs aurait dû être Shredder. William Fichtner avait confirmé au début du tournage, interpréter le rôle de la Némésis des tortues, mais les réactions des fans sur Internet ou du public test ont dû pousser les créatifs à faire marche arrière, surtout après l’annonce de faire des tortues, des extraterrestres. Car de par les origines du personnage et le costume de Shredder tout allait dans ce sens. Mais les scènes tournées post-production ont surement été faite pour ajouter « Oroku Saki » et désormais Eric Sachs devient une fusion des personnages de Karaï et de Baxter Stockman.Ninja Rap
L’histoire d’amour entre les Teenage Mutant Ninja Turtles et le hip-hop date du premier film avec Turtle power de Partners in Kryme, puis cela s’est démocratisé avec le fameux Ninja Rap de Vanilla Ice. Nous omettrons volontairement le troisième volet, qui reprend le Turtles power à l’identique, et qui est pas tellement exceptionnel. Le film TMNT aura droit à Shell Shock de Gym Class Heroes, morceau trip-hop, Puis on termine avec Shell Shocked de Juicy-J, Wiz Khalifa et Ty Dollar $ign qui est plus gangsta rap a un bon beat et le premier couplet à quelques bonnes référence à l’univers des TMNT, mais plus la chanson avance plus le style gangsta se fait présent. La bande original de Bryan Tyler est anecdotique et ne reflète pas l’univers dépeint.
La nostalgie est l’argument de vente du cinéma paresseux et Ninja Turtles n’y échappe pas. Bien que parsemé de nombreuses références à l’univers des tortues, le film recycle cliché sur cliché et n’utilise pas les possibilités offertes par cette licence. Mis à part William Fichtner et les mutants, le reste du casting fait le minimum syndical et nous nous demandons si le film n’aurait pas mieux fait de rester dans les égouts du développement, au lieu de nous proposer une autre version de Transformers à l’occasion des 30 ans des Tortues Ninja.
Nos attentes pour les éditions collectors
Paramount Home Entertainment a divulgué l’édition collector pour le film, il s’agira d’un coffret contenant le B-RD 3D/B-RD/DVD ainsi qu’une statuette à l’effigie de Raphaël.