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Un lieu, une histoire: Vatel ou la cuisine qui rend fou à Chantilly

Publié le 03 octobre 2014 par Romain Delannoy

Lors d'un grand dîner, la tension se fait sentir dans les chambres des dames ou celles des messieurs qui souhaitent exhiber au beau monde leurs atours les plus somptueux et les plus dignes. Mais cette tension est intensément plus palpable en cuisine, surtout lorsque l'on reçoit le roi Louis XIV. Ce qui aurait du être un honneur se transforma bien vite en cauchemar.

château Chantilly

Histoire tragique au château de Chantilly

Le personnage sur lequel on s'attachera dans cette sombre histoire de fourneaux et de pâtisseries a pour nom Vatel. Il n'est pas un cuisinier à la base mais s'occupe de la préparation des grandes fêtes de son siècle impressionnant les Fouquet à Vaux le Vicomte ou prince de Condé à au château de Chantilly. Il organisa donc de somptueux banquest pour la haute de son temps et avait même un réseau d'approvisionnement impressionnant à travers tout le royaume. A cause de lui, Louis XIV jalousera Fouquet et à l'issue d'un dîner cette fois plus que parfait, Fouquet fut dénoncé de corruption, symbolique de la jalousie du roi. C'est après un exil en Angleterre et en Belgique qu'il officiera pour le Grand Condé dans son château de Picardie. Son destin tragique fit tellement sensation dans les siècles ultérieurs qu'on lui a même prêté le titre honorifique de la crème chantilly, ce qui est tout à fait faux car la recette fut pour la première fois citée après sa mort.

Seulement voilà, le Grand Condé avait participé à la Fronde, cette révolte des nobles pendant l'enfance de Louis XIV. Pour se faire pardonner, il décide d'inviter le roi et sa cour pour une réception spectaculaire. La mission est confiée à Vatel qui doit nourrir, loger et divertir 2000 invités pendant plusieurs jours. Le château est d'ailleurs trop petit et le maître d'hôtel doit réquisitionner les auberges et maisons alentour et faire dégager sans foi ni loi leurs occupants. Viandes et poissons sont commandées avec une intense angoisse de mal faire. Quelques couacs s'enchaîneront: face à des invités supplémentaires, quelques viandes manqueront; le feu d'artifice est un peu palot à cause de la clarté intense de la lune. Vatel est fatigué, ne dort plus depuis des nuits et a des poussées d'angoisse. Le vendredi, c'est le jour maigre, c'est donc poisson. Là, deux charettes de poisson arrive et il devient desespéré car elles ne suffiront pas à nourrir tous les convives. Avec la peur du déshonneur, l'expérience de Fouquet, il vit un burn out et décide de mettre fin à ses jours plutôt que de subir cet affront de face. Il remonte dans sa chambre, place son épée contre la porte et se l'enfonce à travers le corps. Ironie du sort, on avait omi de lui préciser que d'autres poissons avaient été commandés à d'autres ports et ils arrivèrent au moment même où il se donna la mort. Lorsqu'on l'appela, il baignait déjà dans son sang.

Mort-Vatel

Attention au burn out

Cependant, même sans Vatel, la fête battit son plein et tout le monde s'en donna à coeur joie, dégustant les mets succulents étalés sur les tables. On n'avait plus besoin de Vatel, lui qui a inventé la gastronomie française. La conscience professionnelle encore une fois fut remerciée par l'ingratitude.


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