Envoutant...
Virgil Oldman est un commissaire de renom, réputé pour sa connaissance hors pair des arts. Il est aussi un personnage étrange : misogyne, hygiéniste, solitaire et collectionneur secret de tableaux représentants des portraits de femmes. Juste un vieil ami peut se targuer de le connaitre un peu mieux que les autres. Voilà qu’un jour, tout son environnement si bien organisé et huilé va voler en éclat suite à un coup de fil mystérieux. Une jeune fille aussi étrange veut lui confier la vente d’une vieille villa vénitienne ainsi que tous les meubles et œuvres qu’elle habite. Claire Ibbetson va entrainer Virgil dans une expérience personnelle impensable, une véritable mue de sa personnalité.Giuseppe Tornatore avait connu la gloire internationale avec « Cinema Paradiso » et depuis plus rien. Là, il revient avec un conte étrange jouant aussi bien avec les codes du thriller hitchcockien que ceux de la romance fantastique. Il créé une atmosphère bien particulière, feutrée et raffinée seyant à merveille au monde de l’art. Ce milieu policé et déconnecté du monde réel confère à donner au film durant sa première heure de forts accents de conte ; les dialogues léchés et classieux ainsi que la mise en scène souple et fluide participent au voyage onirique du spectateur. Un charme très étrange émane donc de ce film.Ensuite il y aune histoire d’amour atypique entre un homme quasi autiste et une agoraphobe, deux tourtereaux incapables de se rapprocher en raison de leurs névroses respectives. Tornatore a surtout la bonne idée de maintenir hors champ très longtemps la belle suscitant chez le spectateur un doute sur son existence réelle. Astucieux et malin. La seconde partie plus thriller que conte laisse entrevoir à travers les évolutions des deux personnages un dispositif dont on ne comprendra la portée que dans le final. Virgil guérissant de sa pathologie, quittant ses gants et étant en capacité d’utiliser le sens du toucher sur autre chose qu’une toile, c'est-à-dire du derme finira par payer cher sa guérison. C’est dans ce seconde partie moins onirique que le film souffre de quelques longueurs, d’un récit un peu convenu et de twists pas toujours à la hauteur. Tout ceci n’est pas rédhibitoire, mais seulement pas à la hauteur de la longue et agréable mise en place de la première heure.Et pour le casting Geoffrey Rush offre une performance élégante, fine et subtile. Par fines touches, il nous donne à voir un homme sortant de sa chrysalide. Visuellement époustouflant, scénaristiquement malin mais juste un peu longuet et quelque fois bancale. A voir tout de même.
Sorti en 2014