Titre original : Dracula Untold
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Gary Shore
Distribution : Luke Evans, Sarah Gadon, Dominic Cooper, Art Parkinson, Paul Kaye, Charles Dance, Zach McGowan…
Genre : Fantastique/Horreur/Aventure/Adaptation
Date de sortie : 1er octobre 2014
Le Pitch :
De retour de la guerre où il combattit dans la puissante armée de l’Empire Ottoman, Vlad, le prince de Transylvanie, n’aspire qu’à la paix, aux côtés de sa chère et tendre et de son jeune fils. Quand le sultan Mehmet vient le trouver pour le forcer à livrer 1000 enfants pour servir à l’effort de conquête, Vlad refuse et déclenche une guerre qu’il n’est pas en mesure de gagner. C’est alors qu’il se rend auprès d’une créature tapie dans l’ombre des profondes cavernes de la montagne afin de signer un pacte qui lui assurera une force surhumaine et de nombreux pouvoirs surnaturels. Des facultés qui lui permettent certes de se dresser devant son ennemi, mais dont le prix reste élevé. Désormais vampire, celui que l’on surnommait l’Empaleur n’a que trois jours pour anéantir la menace qui pèse sur son peuple et sur sa famille. Trois jours durant lesquels il ne doit pas céder à la soif de sang humain qui le taraude, sous peine de se transformer en monstre pour l’éternité…
La Critique :
On le répète : les temps sont durs pour les figures mythiques du fantastique. Régulièrement, elles voient leur nom bafoué et leur légendes piétinées par de bons vieux tacherons opportunistes, désireux de les exploiter jusqu’à la moelle, pour en tirer d’authentiques navets sans saveur et ô combien irrespectueux. Plus tôt cette année, c’est Mary Shelley qui a dû faire des saltos dans sa tombe à cause du I, Frankenstein de Stuart Beattie, qui, on le rappelle, est d’une nullité sans équivoque. Aujourd’hui c’est l’héritage de Bram Stoker qui est à nouveau mis à rude épreuve avec les nouvelles aventures du comte Dracula.
Un comte qui est ici un prince. Pourquoi ? Tout simplement car Dracula Untold se propose de raconter -c’est à la mode- ce que personne ne nous a raconté avant. Les origines du plus célèbre des vampires sont ici narrées à grand renfort d’un esprit plus guerrier qu’horrifique, s’appuyant selon les propos même du réalisateur, sur un savant cocktail puisant tour à tour dans le roman de Stoker et dans l’histoire du vrai Vlad l’Empaleur. D’où la présence dans la scénario de l’Empire Ottoman et d’enjeux géopolitiques à peine esquissés.
C’est bien beau tout ça, mais à l’écran, rien ne sonne vraiment juste. On comprend le désir d’humaniser le héros et d’en faire un gentil torturé, quand bien même son appétit pour la violence est avéré. Après tout, on ne surnomme pas un gars l’Empaleur parce qu’il aime les brochettes. Vlad est un sauvage. Avant d’être un vampire et après. Ici, c’est un homme de paix. Un père et un mari aimant et tant pis pour son ambiguïté pourtant abordée, mais jamais de façon convaincante.
Cela dit, ce n’est pas le principal problème. Le gros hic vient du vampirisme. Bram Stoker a fait de Dracula le premier des vampires. Dracula Untold le rétrograde au rang de simple mortel victime d’une créature plus puissante, alors que normalement, la condition monstrueuse du comte vient de son rejet de Dieu. De quoi casser le mythe. Gary Shore, qui signe son premier film, n’arrive jamais à se hisser à la hauteur de son personnage. Luke Evans fait ce qu’il peut, mais au fond, il pédale lui aussi dans la semoule et le film s’enlise au fil des minutes, ne cessant de se mordre la queue, au rythme d’un récit bourré d’invraisemblances, de non sens, et de dialogues complètement à côté de la plaque. Dracula Untold enfonce des portes ouvertes, tente de créer sa propre mythologie en s’appropriant des codes qu’il ne comprend pas et qu’il ne respecte pas, et ne fait, au final, que précipiter sa chute dans des abysses dont il est impossible de sortir. Et ce ne sont pas Sarah Gadon, sous exploitée et transparente, et Dominic Cooper (qui rajoute un nouveau navet à sa longue liste) complètement aux fraises dans les frusques d’un sultan turc, qui arrangent l’affaire.
Déjà pas folichon sur le papier, Dracula Untold confirme les craintes d’une majorité de fans du genre, bien conscients de la condition mercantile d’un tel projet, avant même qu’il ne voit le jour. C’était couru d’avance et en effet, Dracula Untold ne fait d’étincelles. Certes, on est quand même un cran au dessus de I, Frankenstein et quoi qu’il en soit, il surpasse Dracula 2001 (mais là on tire sur une ambulance). Merci aux techniciens compétents qui ont bien bossé. Les décors sont souvent magnifiques, tout comme la photographie. Les effets-spéciaux quant à eux, oscillent entre le très convaincant et le mauvais goût ultime, même si globalement, c’est le positif qui l’emporte comme ces scènes plutôt spectaculaires, durant lesquelles Dracula commande des hordes de chauve-souris pour contrer les assauts de l’armée turque. Pas de quoi néanmoins raviver la flamme d’un romantisme crépusculaire aux abonnés absents.
Le film étant court, le spectacle purement visuel peut suffire pour tenir de justesse l’ennui à distance, mais il ne faut pas s’y tromper. Dracula Untold est un produit anecdotique. Un long-métrage de commande dispensable, qui n’apporte rien au genre qu’il aborde. De quoi rallonger la liste de ces déclinaisons foireuses du chef-d’œuvre de Bram Stoker et donc d’asseoir un peu plus la suprématie des vrais classiques, dont le dernier en date demeure encore et toujours celui de Coppola, avec Gary Oldman.
Pas sûr que cette histoire « jamais racontée » méritait de l’être… En tout cas, pas de cette façon, c’est certain.
@ Gilles Rolland
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