Le crowdsourcing s’étend jusqu’aux produits indisponibles : contre rémunérations, les clients pourraient assister la logistique de la grande distribution en partageant des "sheflies" d’étagères vides sur une application mobile.
L’explosion des photos mises en ligne est un phénomène aux effets encore insoupçonnés : plus de deux millions de photos sont téléchargées toutes les vingt minutes sur Facebook (chiffres officiels). Syndrome récent en réponse à cette tendance, le "shelfie" (mélange de “selfie” et de “shelf”, étagère en anglais) est une photo – prise avec un smartphone – d’une bibliothèque d’abord, et qui désormais s’applique à toutes les sortes de meubles. L’incitation principale de la startup Shelfie est de proposer des points à gagner pour chaque étagère vide découverte. Chercheurs d’or de produits indisponibles, les utilisateurs reçoivent des points qui sont de traditionnels bons d’achats offerts par les magasins. L’expérience utilisateur de l’application est simple : avant de préciser sa location, devant une étagère vide, l’utilisateur prend une photo avec l’étiquette bien en évidence pour identifier le produit manquant. À l’heure de sa sortie, Shelfie proposait un partenariat avec Walmart qui offrait, pour une centaine de "shelfies" envoyés et acceptés à la plate-forme de support du magasin un bon d’achat de $5. Si les clients aident le magasin à s’organiser et les marques à se connaître, alors ces deux entités doivent les rémunérer pour la préciosité de leur service.
La micro-management par le crowdsourcing
Issue de l’incubateur de Cincinnati "The Brandery", la startup possède une vision très orientée marketing : à terme leur service sera pour les marques un moyen de mieux connaître et leurs clients et l’engagement vis-à-vis de leurs produits (période d’achat, durée d’attractivité etc.). Il manque au management actuel de la micro-logistique de magasin l’aspect immanent, ou "bottom-up", que le crowdsourcing de l’application Shelfie permet. En effet, les chaînes de distribution de l’échelle de Walmart doivent gérer des quantités de stocks trop importants pour être parfaitement à l’équilibre à chaque instant de la journée. L’assistance pourrait provenir des clients : Shelfie s’inscrit tout d’abord dans la micro-logistique des grands magasins qui, à l’aide des photos récupérées depuis les clients circulant dans le magasin, pourrait être grandement améliorée. Les étagères pourraient être mieux ordonnées en fin de journée, grâce à une mesure "par le bas" des déplacements des items selon les achats des clients. Aussi, les produits endommagés pourraient se voir accorder un traitement spécifique. Ceux-ci représentent néanmoins une part importante des gâchis des grandes surfaces. Prendre un nouveau contrôle sur l’étagère de la distribution permettrait ainsi de combattre le gaspillage de temps et de ressources qu’entraîne la dispersion des items dans les étagères des magasins. À terme, ce crowdsourcing dans l’audit interne, permettra à Shelfie de monétiser les données pour des applications plus directement marketing.
Capter les surprenantes incitations des acheteurs
Le seul moyen que les créateurs de Shelfie ont trouvé pour éviter la propagation de comportements pirates – vider les étagères pour bénéficier de bons d’achats – est de bannir les utilisateurs malveillants. À la différence d’autres applications lancées sur le terrain de la logistique dans le retail, comme Gigawalk et GoSpotCheck, Shelfie ne rémunère pas ses utilisateurs pour aller à la recherche de données. L’application est un simple maillon dans la chaîne d’achat traditionnel et l’expérience utilisateur de Shelfie vient uniquement s’ajouter à l’achat en magasin. Les mères de famille sont très clairement identifiées comme les cibles premières selon les fondateurs. Celles-ci, selon les premières métriques disponibles, utilisent le service par mécontentement contre les chaînes de magasins et moins pour la récompense finale. L’engagement des utilisateurs, une fois l’étape de l’inscription passée, est donc moins compliqué que les fondateurs le pensaient, notamment parce que la frustration en magasin est un moteur suffisant à la réutilisation fréquente de l’application. C’est la raison pour laquelle l’application intègre l’option de convertir les points gagnés en dons à des associations caritatives (comme DonorsChoose.org).